• Au matin le temps est couvert et je tourne en rond, ne sachant que décider.
    J'avais d'abord l'intention d'atteindre les 2997m du Trubelstock avant de regagner l'emplacement de ma tente... Et puis merde, on est en juillet, qu'importe la pluie.
    Finalement, si quelques bancs de brouillard raffraichirent la montée, il ne plut que très peu et l'excursion suivit mes prévisions sans autre encombre. De retour au camp, tout est à sa place même si la toile de sol ne paraît pas si imperméable que le vantait le prospectus. Heureusement, si le matelas se dégonfle, il aura au moins la vertu d'isoler la couverture que j'ai ramenée de la cabane. La montagne est décidément une affaire de matériel. D'ailleurs, enfin équipé en feu grâce à mon incartade, je découvre dans un rire que mon réchaud était pourvu d'un allume-feu incorporé. Mes allumettes me seront de rien. ./.


    votre commentaire
  • Mes cheveux ont blanchi jusqu'au dernier en une nuit
    mais je ne suis pas fou
    non je ne suis pas fou !
    j'habite un trou de mémoire perdu dans une vie quelconque.
    L'eau que je bois est une eau joyeuse
    elle court entre les plis de roche
    comme elle je me sens libre.
    La nuit qui me tient chaud est pareille
    à la première nuit du monde.
    Le silence qui me gouverne
    contient tous les échos.
    L'aube qui point entre les branches basses
    me convie à toutes les fêtes.
    L'horizon est partout en moi.
    Le temps recule l'espace
    jusqu'au seuil de l'instant
    et l'instant dit-on est éternel.
    L'ordre s'inscrit dans les pierres
    la présence dans l'appel
    du jour à venir.

    Vital Bender


    votre commentaire
  • Les masques ressortent de leurs cartons après une année de repos. Peer Gynt fait une virée direction Valais. A Verbier plus précisément. Et à la Chaux très exactement pour ce que l'Office du Tourisme appelle la fête des familles. Il y aura surtout Henri Dès. Enfin c'est eux qui le disent. Moi en lisant leur programme je trouve qu'il y aura surtout nous puisqu'apparemment Henri Dès sera gratuit et que nous coûterons 60.- tout compris.

    A ce prix-là, il est bien clair que les stars c'est nous !

    Mais la politique des prix en station procède d'une logique qui m'échappe. Je me souviens d'une vitrine à Crans-Montana qui se vantait de vendre les pulls les plus chers du monde. Je crois que la boutique n'a jamais liquidé son stock avec autant de facilité. La clientèle de Verbier est peut-être programmée de même façon. J'espère seulement que cette clientèle compte un pourcentage de francophones assez honorable pour mieux que parcemener les gradins du chapiteau. De toute façon, cela ne me regarde pas.

    Ce qui me regarde c'est le jeu. Et jouer une pièce nordique à 2200m d'altitude est d'une intégration on ne peut plus réjouissante. La pièce d'Ibsen est un vrai petit chef d'oeuvre et la mise en scène de Thierry une réelle merveille d'astuces. Je renvoie ceux que cela intéresserait à la revue de presse des Artpenteurs.

    J'avais déjà parlé de la création en son temps mais voici juste quelques mots sur cette photo puisqu'elle a été prise bien avant l'aspect définitif de la scène. Le masque de Peer est terminé mais celui de Solveig encore en fabrication. Les personnages sont en cours de recherche et je trouve que ça se sent. J'aime bien les photos des processus. On y trouve une autre suspension que lors des représentations.


    1 commentaire
  • C'est un jour comme un autre.
    La mère de ces petits enfants (elle a perdu la raison) du matin au soir lance des morceaux de pain à des oiseaux imaginaires.
    Un homme sur un banc ne la quitte pas des yeux.
    Fait semblant de lire le journal de la veille entre deux averses.
    Porte un chapeau de paille rongé par les chiens errants et les intempéries.
    La femme tour à tour chantonne pour elle-même entre ses dents pointues et converse à sa façon avec les volatiles.
    L'homme sort un harmonica de sa poche.
    Encore une de ces vies à oublier avant même de l'avoir vécue !
    Encore un de ces mouchoirs crasseux dans lequel on mord par dépit ou par habitude
    ou par passion.
    Depuis plus d'une heure la jeune femme demeure prostrée dans son laps de temps.
    L'allée est vaste comme un ciel dont on a perdu conscience.
    Il ne faut plus me parler d'oiseaux (d'oiseaux d'oiseaux d'oiseaux !...) pense-t-elle en grattant le sol de ses doigts trop fins.
    Un enfant détale aussitôt.
    Un autre essuie une larme en regardant sa mère sucer un petit caillou blanc.
    L'homme jouit du spectacle.
    Les jours ressemblent aux jours ressemblent aux jours ressemblent... pense-t-il en enveloppant son harmonica dans un mouchoir sale.
    La pluie redouble:
    Le deuxième enfant se met à courir.
    Court court vers sa mère.
    Vers la cristallisation du vide.
    L'homme soulève son chapeau.
    Un oiseau s'en échappe.
    Puis un autre.
    Un autre encore...
    L'enfant le regarde ébahi.
    A demain dit l'homme.
    Et il s'en va.
    La main dans son journal.
    Le journal sur le banc.
    Le banc dans son chapeau.

    Vital Bender


    12 commentaires
  • Tant est que je suis bien content de voir poindre un matin que j'accueille avec le courage d'enfin soulager ma vessie.
    Il fait encore frais. Après un petit déjeuner et une inspection de matelas, je me lance en quête de feu. Un torrent à traverser, un pierrier à escalader et une longue descente dans les pâturages du Plan jusqu'à la cabane du même nom. La cabane sera vide et je décide d'y passer la nuit. J'estime avoir suffisamment marché pour un deuxième jour étant donné les tenaces courbatures dues à la montée d'hier. Je pourrai compenser dans la soirée le temps pris en bavardages dans la journée. Et puis bon... surtout il faut avouer que j'ai peur d'avoir froid, et le matelas, et les bêtes. Bref, demain sera assez tôt. Par contre je m'engage à ne pas faire de feu et à dormir fenêtre ouverte. Parce que qand même faut pas exagérer... et peut-être qu'une courte acclimatation suffira.
    Je charge une couverture dans mon sac. C'est une précaution qui ne sera pas du luxe.

    J'ai eu tout aussi froid en cabane. Moins longtemps mais tout autant. En fait c'est le temps nécessaire pour que le sac prenne la température du corps. Comme il faisait tout de même bien plus chaud ça a duré moins longtemps. Je crois que le truc c'est de se coucher avant d'avoir eu le temps d'avoir froid. On verra ce soir.
    La nuit fut donc plus reposante quoique peuplée de cauchemars, dont un qui mettait en scène mon metteur en scène. Rien d'étonnant puisque je pense à Oedipe les 3/4 de mon temps ici. C'était ce que j'appelle un cauchemar cadeau. De ceux qui révèlent une peur profonde. Que je connaissais d'ailleurs mais que je ne savais pas si ancrée. Une véritable aubaine pour mon personnage en fait : Thèbes est démuni face à la peste et doute de ce roi qui n'a pas encore l'air d'avoir de solution.


    votre commentaire