• Comment désirer la justice sans faire de tort ? Comment ne jamais déranger ceux que nous croisons ?
    Il est impossible d'éviter la provocation à moins de vivre reclus, l'existence même étant une provocation, un accident. Le provoqué se sent ébranlé par un avis différent - ou tout simplement par un avis. Mais finalement seul qui se sent ébranlé doit se rééquilibrer. De là à oser que les possibilités de changement surviennent de la contradiction... en tout cas en partie. De changement ou de cristallisation, selon. Et pour éviter qu'il s'agisse du second il serait nécessaire de nous débarrasser de nos peurs, de cette oscillation entre la crainte et la conviction, entre l'ambition et la lâcheté, nous libérer de notre fichue nature humaine, de notre instinct de survie, de ce ravageur égoïsme, de cette faiblesse de nous estimer, non pas pour ce que nous sommes mais pour ce que nous miroitons chez l'autre. Peut-être que ce jour nous pourrons être de vrais croyants et non pas de ceux poussés vers une réflexion ou une prise de conscience uniquement intéressée.
    Il ne faut plus croire en Dieu, même s'il existe. Il faut se battre pour ce qui est juste parce que c'est juste et sans penser à la récompense. Donne-nous la force de suivre Ta voie en nous permettant de T'oublier ; sans la présence de Ton existence. Ca serait Ton ultime preuve d'Amour, du plus grand, du Tien.

    (Texte qui en toute logique conclut la première série écrite en 1993. :-) Comment continuer après ça ?)


    votre commentaire
  • Il était un homme perdu parmi les hommes perdus autour de lui
    Qui cherchait ses pas sur les voies contradictoires de réflexions incertaines
    Attentif aux rides de ceux qui avaient vécu
    Sensible aux larmes de ceux qui avaient cru
    Il lisait patiemment le livre qui s'écrivait
    Au fil de ses journées
    Aux courbes de ses réponses
    Les réponses ne manquaient pas
    Saisies ici
    Entendues là
    Elles forgeaient les couleurs des choses qu'il ignorait
    Insensé penserez-vous que de connaître le sens de questions effacées
    Lui-même n'y songeait guère
    L'essentiel n'était pas la sagesse mais l'illusion
    Car si le temps n'était pas soumis à l'espace
    Ni l'espace au temps
    Lui l'était à tous les deux
    Il fallait bien compenser le malaise
    Issu de son plénoasme
    La vie


    votre commentaire
  • Le poète regarde le ciel
    Et il remarque qu'il est vert
    Comme les yeux de cette femme

    Le poète devine ses seins
    Derrière l'étoffe que supporte
    La pâleur de ses épaules

    Le poète écarte les branches
    Pour mieux voir le soleil
    Pour mieux sentir sa chaleur

    Et sans aile pour le porter
    Sans amour pour le trahir
    Lentement prend son envol

    Pour mourir un peu plus haut

    Pour mourir un peu plus beau

     

    (Tableau de Jean-Pierre Fruit)


    votre commentaire
  •  

    Je ne crois pas qu'il soit possible de mentir tout en étant fidèle à soi-même.


    Sans même penser à celui qui se sert du mensonge pour arriver à ses fins mais simplement à celui qui y est poussé pour éviter des ennuis. Et j'écarte ici les ennuis qui seraient conséquence de premiers mensonges ou de cachotteries : ils sont les fruits d'actions réalisées en totale intention, que leur moteur fut la manipulation, la lâcheté ou la facilité.
    Là ma prémisse ne fait aucun doute.


    Je voudrais juste m'intéresser aux mensonges de fond, d'opinions, de convictions, voire de confession puisque c'en est encore d'actualité.
    Faut-il rester d'une couleur, de la couleur qu'on a choisie, même au prix de sa vie ? Conserver sa foi la corde au cou ? Ou est-il possible de mentir pour sauver sa peau même si par là on trahit ouvertement sa préférence ? Et ce même en argumentant qu'il ne s'agit que d'une trahison de forme ; se recouvrir d'une peinture neuve en conservant sa sienne intacte en dessous ?


    C'est à cet instant que se pose la question de la foi. Qu'en est-il ? S'agit-il d'un manteau que l'on porte pour se protéger du froid ou pour éblouir son entourage ? A partir de quel instant la foi devient-elle orgueil ? A partir du moment où elle nous a rendus bourreaux évidemment. Mais à partir du moment où elle nous permet de devenir victimes, nos convictions valent-elles davantage que celles de nos bourreaux ?


    En ne tenant compte que de morale, il n'est pas possible de mentir et rester fidèle à soi-même. Seulement tout n'est pas si simple. Tout se nuance car tout est unique et nous ne pouvons plus le nier après l'effondrement des systèmes utopiques qui ont réduit cette réalité. Et il en va de même pour ce capitalisme qui ne nous propose que des manteaux d'apparat.

    L'impératif logique catégorique est sans doute l'équivoque. Et ce paradoxe n'est-il pas à l'image de nos vies dont la confrontation seule permet la maturation ?


    1 commentaire
  • Je pense que ça a commencé parce qu'une chose finissait.
    Car tout finit même si rien ne s'arrête jamais.
    C'était ainsi : ça devenait présent.
    Et inversément à l'insidieuse purulence,
    Je m'absentais toujours davantage.

    Irrémédiablement happé, le vide m'aspira sur le chemin de l'habitude.
    Je souffrais sans douleur et m'abandonnais au sens vide d'une direction sans but.
    Je saisissais sans comprendre mais l'évidence me foudroya.
    L'impasse brisait mes rêves, il ne restait que les abîmes
    Et je m'y fondais dans une chute qui semblait ne point finir.

    Tourbillon de mes sens       Tourbillon de mes rêves
    Et ma quête de l'essence       Ciel qu'elle fut brève
    Emporté dans la danse       Cité où tu crèves
    Où de toute évidence       Tu trimes sans trève

    Tourbillon de remous       Tourbillon de pensées
    Esclave du doux       Leurre du passé
    A être trop mou       Tarde à aimer
    Laisser tourner la roue      Ne jamais l'arrêter

    Tourbillon persifleur       Tourbillon fictionnel
    Loin du parfum des fleurs       Rires des pucelles
    Hoquetant de pleurs       Heure sans appel
    Echapper à l'horreur       Trop tard : brisé les ailes

    Je ne pouvais sombrer plus bas, la lumière n'existait plus. Fuir une chimère pour en trouver une autre. Bonjour ! Ne plus peser pour ne plus s'accrocher. Absent pour l'éternité, l'instant ultime était présent. Revenir au passé. Revenir au passé. A ce qui me semblait beau. Marcher une dernière fois vers cette aveuglante étoile. Celle qui depuis longtemps ne brille plus dans ma mémoire.

    Et pourtant il marchait, mû d'une dernière force, soufflé d'un dernier souffle.
    Une dernière révélation.
    Ou simplement la première.
    S'accrocher pour ne plus peser.
    Pas après pas.
    Marche après marche.
    Chute après chute.
    Se rapprocher de lui.

    Si j'avais su que j'aurais encore mal...
    Mal une dernière fois...
    Si j'avais su que je pleurerais encore...

    Tourbillon !

    A quoi bon toute cette futilité alors qu'il aurait seulement suffit de savoir voir ?

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique