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Quelle mosaïque en toi
que tu ignores
toi qui martèles des lames de rasoir de tes poings crispés
en croyant faire de la musique ?
Et tu comptes les wagons des trains qui passent derrière la vitre crasseuse que tu voudrais traverser d'un seul cri pour te perdre sous des frondaisons vaporeuses.
Ha ! ha ! ha ! pitié oh pitié pour ces enfants asymétriques que tu vois poindre à l'horizon réduit à ce carreau dont l'opacité te poursuit jusque dans ton sommeil...
Pitié pour ces pianos fermés que tu ne regardes même plus
pour les maternités enfouies sous les pierre poreuses comme la mort
pour les symphonies clouées au sol à deux pas des oiseaux.
Pour la calcification des heures et de la pensée...Vital Bender
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Mais nous sommes creux. Vides sur le plateau de la balance des jours. Oppressés par des sentiments qui nous obligent à entretenir des chats et des enfants malingres entre des murs contre lesquels nous nous heurtons en écumant (qui lira ce poème jusqu'au bout ?). Ceux que nous attendions se sont perdus en route et nous demeurons figés là debout sur notre centre qui se multiplie à travers la pièce avec des titubements de momies. Oh terreur oh raison oh silences éjaculatoires qui nous fécondent et nous pondons nos oeufs au bord des ruisseaux sans plus songer à ces présences spectrales que le moindre souffle réduit en fumée.
Vital Bender
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Prêter l'oreille aux confidences des saules à mi-chemin entre la rive et l'onde qui remue doucement. Enjamber la barrière et fuir oh fuir cet oeil fixe, ce regard sans paupières mais demain devient rouge et des digues infranchissables continuent de croître un peu partout : si elles pouvaient, si tu pouvais, si nous pouvions éclater (bulles de rire ou de savon...), l'enfance, les tournesols, les clairs de lune qui se composent et se décomposent à souhait sous la surface (des mers, des terres, des lieux dits), les éclaboussures de piments et de fard sur les eaux troubles dans lesquelles plus personne ne se mire, comme si la honte de visages dénaturés... Des corps sans relief errent dans un rayon délimité par des tentures diaphanes à travers lesquelles des mains de vieilles et de succubes se faufilent à la faveur d'apparentes ténèbres.
Une main se glisse entre les briques du mur et le mur s'allume comme une torche, la torche illumine le ciel, le ciel fait une embardée et s'écroule sur la tête d'un mort qui passait par là et je voudrais oh je voudrais boire à la source de ce poème, m'affaler sur la rocaille et repousser oh repousser la raison jusque dans ses derniers retranchements...Vital Bender
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Je ne vois d'autre explication à ce prodige qu'une tumeur qui aurait crevé soudain : bol de lait renversé, solitaire rêvant de sexe et de miroirs devant un feu qui le réchauffe à peine ou... pages déchirées d'un livre qui parlerait d'attentes vaines et de prosternations improbables dans la musique plus pure et les condensations d'heures sous la peau. Et si quelqu'un s'empresse d'achever son dimanche à coups de couteau la toile se fend et les semaines défilent toutes à la fois entre des arches croulées ou des parapets surplombant un vide composé de miettes de vies ternes et de ragots, de lamentations et de crimes. Je défie quiconque de lever le poing sur ce jour mat ! Edifier un monde nouveau parmi les bruyères et les cailloux ronds polis sur des littoraux sans retour au mépris des anciens vertiges, des anciennes peurs, des veilles consciences pleines de pus et de vers. Renvoyer l'ordre établi sous la terre et les yeux mi-clos rêver oh rêver à de longues, à de silencieuses processions d'arbres entre les roseaux.
Vital Bender
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