• Et proche et si loin de tout de toi
    proche de ce premier geste tendre
    et si loin de ces côtes...
    Quand le brouillard mangeait nos heures nos désirs nos fragrances bleues.
    Proche de tout de rien
    et si loin de nos façons d'être...
    La nuit et ses corolles indifférentes
    ses longs couloirs de porphyre.
    L'aurore et ses poignards étincelants
    qui tranchaient nos caractères
    et les découpaient en morceaux.
    Et il faudrait encore renaître
    faire à nouveau le tour des êtres et des choses
    pour mieux s'en détacher.
    Il faudrait plonger dans la tourmente
    sans un regard en arrière
    sans un signe à personne...
    Tes yeux !...
    Tu ne les ouvres plus !
    Sous tes paupières !...
    Dors !
    Si proche de la nuit fraternelle...
    Si proche
    du sommeil des pierres...

    Vital Bender


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  • Alors il y aurait un pôle de cristal
    tintant sous la caresse des morts qui rôdent
    un lieu d'ardentes paupières
    où le râle des agonisants s'achève en notes cristallines.
    il y aurait la mémoire de cristal
    un chant un seul contenant toutes les émeraudes
    les souvenirs rassemblés là dans leur globe musical
    un lieu de poudre fine
    et de chagrins banals
    ici et partout ailleurs en chemin toujours en chemin
    et sur la crête d'un rêve
    ce papillotement carmin
    cette note brève
    cette note unique. Il y aurait
    la nuit toute la nuit perdue
    toutes les dissonances claires
    de ce pôle central.
    Un visage inspiré
    en face d'un autre visage inspiré...

    Vital Bender


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  • Si loin en mer, fanée (pétales), et les poissons qui font la ronde autour de ta tige de campanule tandis que je m'enivre de ton absence, imagine cela : assis sur un nuage au milieu du désert - les chrysanthèmes frissonnent dans le vent tiède, les dunes au loin ressemblent à des tombes dont chacune doit contenir une part de toi, de ton âme, de ton souffle, les ruines de ta part belle - ...est-ce que je rêve ? Voici l'hiver. Tu n'as toujours pas regagné la rive, tu nages sur le dos, tu t'amuses follement tandis que je m'obstine à reconstituer ton visage à travers ces brumes tenaces qui forment un écran propice à la réverbération de ton aura. Tes seins en forme de clairons sonnent le ralliement des causes perdues. Le frémissement de ton voile et l'éclat de ton diadème sur ma peau... Si loin en mer... Mon aéronef s'est fracassé contre un récif. Oh tous ces ciels vers tous les horizons au fond desquels tu te lovais comme un serpent d'air chaud... Je suis assis sur un rocher au milieu de ... (est-ce que je puis encore ressentir quelque chose ?) ... Pelote de laine accrochée à un vieux clou. Morceau de ferraille que le vent du nord fait tinter. J'aime cette vie. Nous irons tous au purgatoire. Maman m'appelle de la fenêtre de sa demeure idéale : il est l'heure de te coucher, il est l'heure... L'écho de la voix de maman... Les yeux, le front, les confitures de maman... Tandis que tu coules à pic. Au fond du jardin. Quand je serai vieux, j'aurai des antennes comme les chiens errants et les écrevisses. Ma tête a rebondi trois fois sur le bord du ciel avant de s'immobiliser près d'une fleur qui danse et je poursuis ma course effrénée à travers toutes les (pages blanches...)

    Vital Bender


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  • Encore un ventre à explorer, demain, un ventre chaud. Couloirs sans issue qui montent et qui descendent, labyrinthe cher aux poètes de la nuit carcérale et à leurs amours inavouées, inavouables, qu'ils tiennent en laisse (fantômes) jusqu'à l'heure du jugement dernier. Dans les yeux de mon amour, dans ces yeux-là, dans ces yeux seuls (pardonnez-moi si j'insiste) il y a des chiens tenus en laisse par des fantômes et des arbres immenses qui tapissent le ciel d'avant les temps vécus, les temps marins, les temps rauques jouxtant d'autres amours en forme de cour intérieure où la lumière ne pénètre que par saccades quand tout un fourmillement de visages et de trompes suffit à peine à donner l'illusion de la Vie et de la blancheur éternelle. J'explorerai ce ventre jusqu'aux boyaux les plus reculés dont aucune conscience humaine n'a jamais soupçonné l'existence : galeries en spirales qui se resserrent jusqu'à l'étreinte ulcérée qui me fera hurler de douleur ! Je poursuivrai néanmoins mon exploration. Seul ! Où es-tu, toi que j'ai libérée de cette tension qui te faisait t'agripper à des murailles plus lisses que du verre contre lesquelles tu usais tes griffes jusqu'au sang ? Aurais-tu à la fin traversé ces murs, cette part de ténèbres qui t'était due à toi aussi, et que nous n'avons pas su entretenir ?

    Vital Bender


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  • La transparence se vit de l'intérieur. Déambuler le long de sombres couloirs en ruine appelle cette trouée de jour qui saille au gré des voûtes prêtes à s'écrouler au moindre déplacement d'air (qui provient lui aussi du fond des tripes). Patauger dans la glu des heures immobiles avec l'illusion de savoir voler et voler à coup sûr. Non ! assez de ces baies opaques ! de ces murs à travers lesquels retentissent les supplications des condamnés à vivre à tout prix ! La nuit est le domaine suprême. Il n'y en a pas d'autre... Silence ! Qui vient ? Quel pas sonne sur ces dalles froides au-delà desquelles reposent les reliques des vivants qui soupirent ? Les morts veillent et ricanent. Les vivants dorment. Et la nuit est si belle. Si belle... Oubliez-moi !

    Vital Bender


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