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Encore un ventre à explorer
Encore un ventre à explorer, demain, un ventre chaud. Couloirs sans issue qui montent et qui descendent, labyrinthe cher aux poètes de la nuit carcérale et à leurs amours inavouées, inavouables, qu'ils tiennent en laisse (fantômes) jusqu'à l'heure du jugement dernier. Dans les yeux de mon amour, dans ces yeux-là, dans ces yeux seuls (pardonnez-moi si j'insiste) il y a des chiens tenus en laisse par des fantômes et des arbres immenses qui tapissent le ciel d'avant les temps vécus, les temps marins, les temps rauques jouxtant d'autres amours en forme de cour intérieure où la lumière ne pénètre que par saccades quand tout un fourmillement de visages et de trompes suffit à peine à donner l'illusion de la Vie et de la blancheur éternelle. J'explorerai ce ventre jusqu'aux boyaux les plus reculés dont aucune conscience humaine n'a jamais soupçonné l'existence : galeries en spirales qui se resserrent jusqu'à l'étreinte ulcérée qui me fera hurler de douleur ! Je poursuivrai néanmoins mon exploration. Seul ! Où es-tu, toi que j'ai libérée de cette tension qui te faisait t'agripper à des murailles plus lisses que du verre contre lesquelles tu usais tes griffes jusqu'au sang ? Aurais-tu à la fin traversé ces murs, cette part de ténèbres qui t'était due à toi aussi, et que nous n'avons pas su entretenir ?
Vital Bender
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