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Par libou1 le 26 Septembre 2009 à 14:30
Encore une nuit sans fermer l'oeil.
Des mégots partout jusque dans mon lit
jusque dans mon ventre.
Les clopes je ne les fume plus je les avale vivantes comme ces petits vers qui grouillent à l'intérieur de ma pensée.
Il fait déjà jour.
Je lâche un gros pet mystique.
J'aime cette vie.
Cette vie souterraine.
Cette vie transitoire.
Un mouchoir traîne : j'y fais un noeud
pour ne pas oublier de revenir à cette vie si je m'endors.
C'est drôle tous ces mouchoirs pleins de noeuds...
Tous ces noeuds aux fenêtres.
Toutes ces fenêtres qui clignotent tandis que je cherche en vain le sommeil.
J'aime cet instant de la vie qui s'arrête
cet instant hors du temps poisseux et de la raison.
Je me lève pour aller pisser.
Le jour point jusque dans ma culotte.
La chasse d'eau siffle un air de jazz.
Si ma mère était vivante elle me dirait : pourquoi ne dors-tu pas ?
Elle m'imagine encore à l'intérieur de sa bulle.
Ce n'est pas ainsi que je suis venu au monde.
Je suis tombé du ciel au fond d'une cuvette de W-C.
Au fait pourquoi est-ce que je ne dors pas ?
Ai-je trop espéré de la vie ? Trop ?
Trop bandé pour elle ?
Il faut que je jouisse !
Dormir ! il faut que je dorme !
Si ma mère était vivante
elle me prendrait dans ses bras
et me bercerait.Vital Bender
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Par libou1 le 23 Septembre 2009 à 22:11
L'autre matin (c'était hier ou un autre matin)
les rues empestaient l'égout des bouches et des lèvres inutiles
les passants réverbères allumés réverbères éteints allumés
clignotaient dans le brouillard buée des bouches
des bouches d'égout
et des lances d'incendie.
Un chien couvert de pellicules de jour qui se transforme en jour qui se transforme
en chien peut-être un autre chien
dans une autre ville
à travers d'autres rues puantes inutiles.
Un couple sans histoire
un homme avec un chapeau et sous son chapeau qu'il soulève devant chaque réverbère sur sa route rectiligne
une autre femme aux sourcils de duvet d'oisillon aveugle
d'autres apparences
d'autre fonctions
d'autres déguisements facultatifs.
Un homme au passé révolu
(chauve et les mâchoires en éventail tout autour de la nuit qui monte
qui n'en finit pas de monter et de descendre sur la ville sur cette ville celle-ci et aucune autre
qui n'en finit pas de s'engouffrer au fond des bouches béantes et des orbites creuses)
claque des mâchoires arrache un morceau de chair à l'immense magma de ténèbres pantelantes.
Un homme (d'autres accessoires...)
une femme qui lui demande l'heure chaque fois qu'il veut l'embrasser
à qui il répond immanquablement inutilement "je t'aime".
Elle ne le croit pas.
Comment pourrait-elle le croire ? - Non ! pas lui !
Que signifie tout cela : aimer croire aimer ?
C'est une autre histoire que je vous raconte là
dans une autre vie
une autre ville
avec des champignons sur les façades
des rats à l'intérieur des murs
à l'intérieur des bouches
des rats dans le vagin des femmes
dans le ventre des nouveaux-nés.
Pourquoi des rats ?
Pourquoi pas ?
Quelques fleurs aussi par-ci par-là.
Tout aussi inutiles.
Pourquoi des fleurs ?
Pourquoi des corolles
ces pétales ?
Ces tiges que les passants anémiques
piétinent en regardant l'heure ?
L'heure rouge de la fin d'un geste
de la fin d'un signe
quand le geste qui se prolonge
touche le ciel
et devient fumée.
Fumée pour trahir la soif
fumée pour masquer les rides
les usages
les excréments...
La femme dit à l'homme : tu es trop sentimental...
L'homme écrase une fleur et pense : elle ne m'aimera jamais.
C'est une autre mort
un autre souffle avide
une autre certitude inéluctable.
Un réverbère.
Un chien.
Des urinoirs.
Une autre vie...Vital Bender
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Par libou1 le 20 Septembre 2009 à 12:14
Le spectre de nos amours sous son voile flottant
danse pour mes yeux et pour les yeux des humains
incompréhensibles humains
qui ne savez déceler au-delà de cet horizon de teinture morte
l'éclat de ce visage et cette bouche et le cri de cette bouche qui prend l'eau.
Le spectre de toute une vie
nos amours comblées incomblées
auxquelles nous attachions au bout du compte si peu d'importance.Vital Bender
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Par libou1 le 18 Septembre 2009 à 12:42
Ce qu'il faut d'ombre bleue et blanche d'ombre diaphane tout de même
pour masquer ce visage poupin
surgi d'une fente de la terre.
On ne voit que lui sur cette plaine
lui et son reflet d'émail
sa carapace de malheurs sans précédent.
Il appartenait à un homme sans doute
ce visage cet accident de terrain
à un homme ou à un être incorporel
à quelqu'un qui crut être et n'a jamais été
qu'une craquelure sur une plaine aride
qu'une courbe de niveau mal définie
dans un ciel à l'abandon.Vital Bender
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Par libou1 le 15 Septembre 2009 à 12:48
Dans le cratère de ta chevelure dénouée
un oiseau chante à tue-tête
un musicien ronge son frein
devant un verre vide.
Il regarde son violoncelle
ballotté par les vagues
il écoute l'oiseau menteur
lui susurrer à l'oreille
que le monde est beau
que la lumière reviendra
avec les débris de son instrument.
L'archet repose sur la table
l'oiseau sort du cratère
tes cheveux sentent bon
le musicien essuie une larme
commande un autre verre
mais il n'y a personne.
La mer est si agitée
qu'on ne sait plus
si c'est elle ou si c'est toi
qui a brisé ce coeur
ce coeur d'homme.
De la fumée partout de la fumée !
Le choc d'un morceau de bois contre un récif
le tintement d'un morceau de coeur contre un verre vide...
Le musicien pense qu'il va mourir.
Sa main tente de saisir l'archet
retombe
fumée
verre plein
verre vide
l'archet en travers de la gorge
les poux dans tes cheveux...
Un violoncelliste baigne dans son sang
sur une grève
qui ressemble à ton pubis.Vital Bender
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