• C'est vrai que des fois quand on y pense un peu comme ça entre deux pensées sensées et sérieuses ; de ces pensées qui refont le monde, pas de ces autres furtives et traîtresses qui interrompent le flux des pensées contrôlées. Et bien quand par mégarde on se laisse aller à ces pensées insidieuses et malignes on pourrait presque trouver que c'est chouette d'être amoureux.

    Se retrouver dans une rue bondée à repousser les immeubles de chaque côté et la voir tout là-bas, en face, et qu'elle me verrait aussi, et qu'on se reconnaîtrait, et qu'on courrait l'un vers l'autre, bras ouverts, et lèvres en feu, pour les refermer l'un sur l'autre, pour les coller l'une à l'autre. Et que c'est vraiment moi pour de vrai et pas l'autre peut-être même plus beau juste derrière. Non que c'est vraiment moi et elle pour de vrai.

    Ou alors que sans attendre personne et sans savoir pourquoi, me retrouverais dans une gare perdue dans l'irréel, et que du train unique elle serait seule à sortir, avec sa valise en carton et sa robe en crinoline et qui dirait : "Si je me suis trompée d'époque c'était pour ne pas me tromper de toi."

    Ou encore que là, au centre d'une foule de cent cinquante mille fans agglutinés à scander les paroles de mon dernier tube, il n'y aurait soudain plus que ses yeux et que poserais ma guitare (sans même la casser comme à cette habitude qui m'a rendu célèbre), parce que plus rien n'aurait d'importance et que je sauterais sur mon tapis volant pour l'emporter dans mon château juste là, sous le tropique du cancer.

    Ou même, sur une plage infinie, en totale solitude, sentir des doigts se glisser dans ma main. Et sans même avoir à tourner la tête, savoir que c'est elle et qu'on pourra courir en faisant fi des tessons ou des araignées de mer ou des méduses. Courir dans les vagues et rire, rire, rire. Jusqu'à la lune qui rirait aussi forcément devant tant de justesse et de bonheur...

    Ou tout simplement s'asseoir dans un cosmos étoilé, en tailleur, mains dessus mains dessous et galaxies mêlées, sans temps, sans raison, sans rêves, sans soi, sans elle, sans moi. Seulement Tout. Seulement l'Amour.

    Et bien quand entre deux pensées sensées on pense à ça. Ca veut dire qu'il est temps de cesser de penser et d'aller faire un brin de vélo. Avec une selle bien dure et beaucoup de montée.


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  • Oulala... Ca ne va plus du tout !

    Voilà que mon blog tourne en une authentique psychanalyse. Que ce soient les aventures culinaires du microcosme Emery ou les lamentations égarées de la psaum-ade... Les premières s'enlisent dans les macérations indigestes d'outre moi tandis que les autres s'égarent dans les prétentions d'un aspirant homme, perclus de culpabilité, et déchiré entre un idéal imbécile et une nature jugée honteuse : Les délires flagellatoires d'un jeune con qui ne parvient pas à assumer la maturation énergique de sa petite "prune".

    Ce que je me vois en droit d'appeler le romantisme touche-pipi.

    Non il est temps de faire table rase de tout cela sans quoi nous friserions l'indigestion et de crier Yipiyipihea à nos célestes observateurs.

    Evidemment je n'en ferai rien mais vous laisserai par contre la joie de goûter aux précédents et futurs psaum-adies sous ce superbe et salvateur éclairage jaune... pipi.


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  • Et voilà, le scandale est "consommé". Dans les deux sens. Dans ma révolte intestine dégurgitée par l'intermédiaire de ce blog et dans la mise en pratique du régime pourtant banal que je voulais m'imposer. (Régime à base de riz complet : Curiosité de voir l'implication sur ma digestion de l'éradication des produits laitiers, viandes, féculents, et gluten...) Banal mais à l'origine d'un séisme d'une violence à affoler l'échelle de l'équilibre de notre cohabitation, à ma mère et moi.

    Bien sûr, comme je ne doute pas que de telles éruptions trouvent la flamme de leur ébullition dans les profondeurs inconscientes, je serais surpris que ma volonté de rupture de ce rituel alimentaire n'ait pas des fondements tout aussi profonds et inconscients. Aurais-je trouvé une espèce de lumière dans le premier volet de l'aventure ? Sur moi sans aucun doute...

    En tout cas, ce qui se passe ces jours est très intrigant quoique très perturbant et au-delà de mon limité raisonnable. Ma mère prend les attitudes d'un animal traqué ayant tous les symptômes de l'intranquillité, répétant inlassablement des "c'est nul ! ça vaut rien ! j'ai tout essayé ces trucs moi ! je te laisse faire puisque t'as envie mais en tout cas c'est ridicule !" Et la cerise sur le gâteau : "Voilà, on ne mange plus la même chose."

    Puis-je y lire une frustration cannibale, la mise en péril de sa propre identité dans cette perturbation du mode de transmission ou dois-je y voir la mise en danger de son utilité, de sa raison d'être encore au monde, de cette nécessité de servir encore à quelque chose à l'âge avancé que devient le sien ? En tout cas, il ne fait aucun doute qu'une telle réaction prend ses racines dans le terreau des peurs englouties.

    Exactement dans le même terreau où mes racines trouvent leur expression par cette crainte de la grande phagocytose. Et qui s'est vue nourrie par ce retour quelque peu contraint au bercail (au berceau ?). Environnement où je ne peux nier l'influence de ma mère, l'omniprésence de ma mère, l'étouffante contrainte de la matrice (dont le rôle premier n'est-il pas de mouler ?). Je me retrouve à l'âge des prises de risque dans le confort épais et bourgeois du liquide amniotique. Dans l'attente de la naissance. Tout comme il y a 34 ans. A attendre tant et si bien qu'il a fallu qu'on vienne me chercher...


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  • La nourriture est une expression très étrange et non des moindres dans la relation mère-enfant. Et qui se construit jour après jour, patiemment, au fil des années. Pierre après pierre. Pour prendre ces aspects de forteresse intouchable, imprenable, pouvant abriter quelque prince charmant.

    Et sans doute occupe-t-elle une place tout aussi abstraite et brumeuse que celles des contes séculaires dans les méandres de notre inconscient. Parce qu'elle va chercher très loin ses fondations. Dans ces instants insouciants bercés aux vagues placentaires où déjà par le lien ombilical la mère officiait à sa tâche alimentaire.

    Dans la phase d'émancipation adolescente, c'est d'ailleurs l'aspect qui souvent reste intouché le plus longtemps. Du moins chez les garçons. On se bat pour sortir plus tard, avec qui on veut, habillé comme on veut... Mais durant toutes ces crises libertaires nous mangeons toujours les plats de maman. Annulant ainsi nos efforts d'indépendance en garantissant à la mère, à défaut des insignifiants pets externes, sa mainmise sur le cycle interne et intime. La mère qui peut, avec condescendance, observer les vaines gesticulations de sa progéniture tout en concoctant plats et potions. Rappelez-vous cet humour douteux qui mettait en scène le mari qui, goûtant aux mets de sa femme, regrettait ceux de sa mère. Servage accompli en bonne et due forme. Femmes, prenez vos marmites à votre cou et fuyez aussitôt cet homme-là ! :-)

    La situation semble sensiblement différente chez les filles qui connaissent un nombre plus considérable de cas d'anorexie. Volonté de trouver sa place de femme et de mère en rejetant ce gavage identitaire ? Pour mieux gaver à son tour ? De qui on s'est construit avec peine ?

    En fait l'anorexie n'a peut-être rien à voir avec une identification aux canons de beauté, mais juste à une désidentification à la mère.

    Car dans l'assiette de sa mère il y a avant tout sa mère. Comme au temps nombriliste c'est d'elles-mêmes que nos mères nous nourrissent. C'est le maintien des traditions, de la famille, qu'elles nous servent à table.

    Nous nous croyons généreusement nourris alors que nous sommes mangés.

    Nous avions dévotement cru au prince charmant pour constater, effarés, que, comme dans les contes, un château pouvait aussi bien cacher un ogre.


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  • Il est temps de signaler un fait majeur dans le monde du blog :

    Maximilien Urfer y a fait son entrée. Auto-formé aux écoles d'art de Sierre en Suisse et de Caen, il partage son temps de travail entre dessin, vidéo et peinture. Ses productions plus officielles se trouvent sur son site personnel. Son blog est plutôt une proposition quotidienne dosée. La cuillère vitaminée du matin.

    C'est vrai que je parle souvent de lui. Donc c'est sans doute difficile pour moi d'être tout à fait objectif quant à ses qualités d'artiste. D'autant que ma culture du sujet est totalement limitée à une approche extérieure. Je ne saurais pas obtenir un violet digeste ou même tenir un pinceau. Et la seule oeuvre d'art que je possède et que je peux observer à loisir est justement un tableau de Maximilien. Celui que vous avez reproduit en photo au-dessus de mon blabla.

    On pourrait douter de la pertinence d'une oeuvre d'art chez soi. Le genre de truc aussi inutile que le théâtre par exemple. Et pourtant. Le nombre d'heures que j'ai pu laisser glisser mes yeux sur ces coulures, sur ces formes et ces mouvements. Ce tableau juste posé en face de mon lit et qui m'accueille à chaque réveil est une véritable nourriture. La méditation imposée de soi avant son entrée dans le monde. Et qui te remplit. Qui te rend aussi heureux qu'un coucher de soleil.

    Vivement une fortune colossale à disposition de mes phalanges ! (Parce que c'est quand même un peu plus cher que le théâtre malheureusement.) Et je vous certifie que grâce à Max ce tableau n'est pas le dernier.

     


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