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Par libou1 le 29 Mai 2007 à 22:05
C'est pour la Croisette que Max et moi avons mis les voiles. Dans une soirée d'abordage peu avant de nous échouer, Max a levé sa longue vue sur cette île qui le titille depuis plusieurs années. Mais avec la ferme intention cette fois-ci d'y hisser son pavillon.
Il s'agirait d'un docu-fiction. Pas sur le festival en soi mais plutôt sur ce qu'il génère dans l'imaginaire populaire, sur ses conséquences fantasmatiques, sur cette contradiction entre la sensibilité et l'intelligence de certaines fictions et la déjection finale après digestion collective.
Ainsi, nous avons levé l'ancre le lendemain pour débarquer devant les marches mercredi à 3h du matin. Nous avons donc débuté notre séjour par la phase de recyclage. Par l'instant où les rêves noyés de la veille laissent la place aux promesses d'une journée qui commence.
C'est donc après une fin de nuit en fond de cale de voiture que les choses ont débuté. Max, capitaine au journal de bord toujours en main et moi, moussaillon provincial un peu largué. Sans inquiétude de ma part ; je suis d'une gestation lente, la précipitation est mon ennemie (quoique ma compagne...).
Alors que ressort-il de Cannes, expériences accumulées ?...
... Un vaste et magnifique concours d'inaccessibilité. A tous les niveaux. Au niveau des accès, où tout est compliqué, procédurier, comme à celui du contact. Non que les gens soient froids mais je dirais plutôt immatériels. Ce qui finalement serait en accord mineur avec le grand rêve du cinéma. Un état de circonstance en quelque sorte. Là où le paradoxe persiste et insiste c'est que cette aspiration à la désincarnation tente de s'opérer par le biais d'une outrancière incarnation.
Je m'explique : Ce besoin de reconnaissance absolu (et somme toute légitime, j'y reviendrai demain ou un autre jour...) passe par le limité du paraître. Le désir de cette transcendance que l'art permet parfois d'effleurer se manifeste ici dans l'horizontalité de sa physicalité d'être humain.
Si bien qu'à la fin il ne reste plus rien. Ni corps, ni âme. On pourrait peut-être s'aventurer à dire que le désir d'éternité est atteint dans cette permanente référence à l'image (cinématographique ?) mais à l'image sans épaisseur, à l'image creuse : au cliché. Où les femmes deviennent tout ce qu'elles se défendent de paraître et les hommes la quintessence du machisme.
2 commentaires -
Par libou1 le 19 Mai 2007 à 17:10
Doute, comme à chaque fois finalement.
Déjà que je crois bien avoir l'art d'égarer la plupart de mes élèves, je crains bien que ma tentative de clarification (que je fais à la demande de mes ados) n'aura d'autre conséquence que celle de perdre totalement leurs parents.
Mais comme ce petit mot m'amuse, je le leur livrerai avec un bonheur tout à fait égal à celui que j'ai à le publier aujourd'hui :
21-22 et 29 mai 2007 à 19h<?xml:namespace prefix = o />
Chers parents,
Chers spectateurs,Nous vous remercions tout d'abord de votre présence ; qu'elle soit obligée ou curieuse. Car en sachant ce qui vous attend nous nous accordons à trouver votre attitude téméraire...
Ce qui se déroulera sous vos yeux attentifs ne ressemblera en aucun cas à ce qu'on peut attendre d'un spectacle ordinaire. Avec un début et une fin.
Dans nos bégaiements, nous avons tout de même tenu à former une espèce de corps. Un corps unique mais tripartite.
Non que nous tentions de démontrer que toute œuvre théâtrale tende vers Dieu, celle que nous avons le plaisir de vous présenter est néanmoins composée d'un père, d'un fils et d'un esprit saint.En la personne du père, nous avons associé les textes tragiques et classiques.
En celle de l'esprit saint, nous trouvons les productions éclairées des poètes.
Et dans celle du fils, des extraits du théâtre panique et cruel d'Alejandro Jodorowsky.Voici l'ordre dans lequel ces parties ont recherché leur Unité :
- Prologue : dans l'avion (Alejandro Jodorowsky)- Prométhée enchaîné (Eschyle)
- Hurle (Tristan Tzara)
- Hamlet (William Shakespeare)
- Les cris vains (Ghérasim Luca)
- Rien (Philippe Soupault)
- Les 2 pessimistes (Alejandro Jodorowsky)
- Antigone (Sophocle)
- Schlaf und Speise (Paul Celan)
- Roméo & Juliette (William Shakespeare)
- Qui voyez vous ? (Ghérasim Luca)
- Iles (Blaise Cendrars)
- L'optimiste et la pessimiste (Alejandro Jodorowsky)
- Voici l'âge (Jean Cocteau)
- Le prince travesti (Marivaux)
- Etre ou ne pas être (Alejandro Jodorowsky)
- Descente (Gérald Neveu)
- La princesse d'Elide (Molière)
- L'instable (Alejandro Jodorowsky)
- Les 2 optimistes (Alejandro Jodorowsky)
- Le malade imaginaire (Molière)
- La morphologie de la métamorphose (Ghérasim Luca)Comme les voies de l'Un sont impénétrables, il est fort probable que vous vous perdiez en route. Ceci est normal et sans conséquence. Soyez donc prêts à l'égarement.
« Nous vous souhaitons une excellente tempête et beaucoup d'agréables secousses. »Et pour les Valaisans qui liraient le mot c'est au Teatro Comico à Sion et c'est tout public...
11 commentaires -
Par libou1 le 18 Mai 2007 à 16:03
Je n'arrive plus à laisser le moindre commentaire sur mon propre blog.
Serait-il déjà obsolète ?
En tout cas apparemment il compense son veto en multipliant les petits pains externes.
Mon blog serait-il devenu intelligent ? Pratiquant une sélection de survie ?
6 commentaires -
Par libou1 le 17 Mai 2007 à 16:19
Vingt-sept ans de Maximilien hier. Expédition serrée pour La grande peur dans la montagne, magnifique petite pension de quatorze lits sise aux Haudères, (ouah si ça fait pas prospectus de vacances ça à moi la peur...) espèce de bled encastré au fin fond du val d'Hérens. Bien sûr, il n'y a qu'un féru de textes qui pouvait ainsi baptiser ses chambres d'hôtes. Chaque chambre porte d'ailleurs le nom d'un auteur suisse. Madeleine et Patrick Rossier (C'est lui qu'est sur la photo voui, voui) nous y ont reçus pour une tablée de bavardages enflammés. Parce qu'il parle le Patrick, et il parle mots. Ces mots qu'il passe les nuits à assembler. Première tentative romanesque après son recueil de nouvelles.
Décor posé pour une petit ballade dans les prophéties valaisannes. Car le Valaisan est un prophète, il porte haut le verbe sentencieux. Mon père en était un spécialiste. Phrases lapidaires et sans appel tombant comme un couperet sur toute velléité de réponse. Le Valaisan parle peu mais quand il parle il frappe. Patrick en déduisit la conséquence d'une éducation catholique refermée sur elle-même, conservée à l'étroit de ses vallées multiples. Car le Valais est vallées. Catholicisme dogmatique à l'opposé d'un protestantisme peut-être encore austère mais quand même plus discursif, pour avoir déjà une fois remis en question l'infaillibilité papale. Et surtout à l'opposé de religions franchement dialectiques comme le judaïsme où le texte est trituré, retourné, cuisiné. Et ce dès l'enfance. L'éducation religieuse que nous avons connue, Patrick et moi, ne se prêtait pas au discours. Elle était assimilation et recrachage. Elle était vérité brute. Elle avait la valeur absolue des prophéties.
D'où un grand amusement au regard de mon carnet d'autrefois dont je vous ressers les extraits depuis quelque temps. Comment ne pas faire de rapprochement entre la nature profonde et bourrue du Valaisan que je suis par définition et ces petites maximes issues de ma rage post-adolescente et balancées avec la satisfaction des évidences ? Rien de plus déterminé finalement dans ce comportement. Je suis issu du dogme. Enfant de la morale. Au commencement était le Verbe... et nous l'avons figé.
Pourtant, je les trouve amusantes par ce qu'elles provoquent, ces petites phrases. Déjà chez moi. Ce n'est pas évident de les ressortir, justement dans ce qu'elles ont de catégorique. Je dois me faire violence. Mais elles ont tout autant un caractère définitif que partiel. Et c'est là leur intérêt, parce que c'est finalement dans ce qu'elles ont de partiel qu'elles paraissent définitives. Ce qui nous ramène à la fonction provocatrice de la prophétie dont la démarche se trouve à l'inverse de celle de la maïeutique socratique. Mais dont l'objectif devrait être similaire. La maïeutique suscite la réflexion, crée la discussion car elle n'autorise pas les réponses toutes faites. La prophétie quant à elle ouvre la réflexion dans ce qu'elle a de fermé. Son caractère propre provoque une ouverture, elle provoque une remise en question. Comme un appel d'air.
Et comme rien de vaut l'exemple pour illustrer un propos, je vous livre tout de go la prophétie de la soirée, la prophétie de Patrick (On est Valaisan ou on ne l'est pas - et lui l'est...) : En Valais il y a 10% de prophètes qui se taisent pour 90% de moutons qui bêlent. Ce qui m'amène à la déduction douloureuse de mon changement de catégorie. Je suis passé du prophète post-adolescent qui se taisait sur son petit carnet au mouton qui bêle tout ça dix ans plus tard. Bêêêê !
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Par libou1 le 13 Mai 2007 à 17:01
Comment faire pour ne pas péter un câble grave quand après tournicotage de phrases, embriquage multiple de formules plus ou moins heureuse, tout le résultat d'un travail à deux doigts de la gratification se trouve balancé dans les oubliettes de mes circuits imprimés ? Un petit coup de touche traîtresse et plus rien que le rien.
On a beau rechercher ces formules plus ou moins heureuses, elles n'ont plus la couleur de l'instantané. Elles n'ont que la brûlure de la rage qu'on maîtrise tant bien que mal, la sueur au front sous des extérieurs calmes. Comment faire ? Se dire que l'écriture prévaut sur la diffusion. Que si les mots ne deviennent pas partage ils furent découverte. Ou que même cette si violente frustration est aussi découverte de soi. Et peut-être davantage que l'amphigourique des mots.
Alors quelle est cette découverte ? Cette petite avancée vers son centre ? Cette rencontre avec ce petit enfant qui n'a pas eu sa sucette tout de suite et qui de dépit se roulerait bien par terre au milieu de ses propres larmes ? Cette rencontre avec ce morveux qui n'a pas reçu l'encouragement qu'il attendait de sa maman, de son prof, de sa nana, de ce n'importe quel autre à l'extérieur ? Cette rencontre avec ce gamin qui au sommet de sa crise remarque que tout autour le monde n'a pas changé pour autant ? Cette rencontre avec ce grand con qui du coup regarde autour de lui en respirant un grand coup : "Tant pis pour le temps puisque finalement jusqu'à là il était quand même chouette. Tant pis pour les mots, ce ne sont pas les pièces d'un trésor et portent par cet incident la preuve de leur volatilité. Tant pis pour ce monde qui n'aura pas changé pour autant. Tant mieux pour l'air que tu vas prendre. Tant mieux pour ce texte que tu recommenceras plus tard. Ce soir. Un autre jour."
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