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Part de nuit, part de rêve... Part de toi. Qui m'est due et que je revendique. Comme je revendique la poussière. L'enfer... Ou le paradis recomposé pour tes beaux yeux. Toute la douleur humaine concentrée en une seule secousse. Le cycle des départs, des retours. La tendre frénésie des heures qui gouttent, qui n'achèveront jamais leur chute (à quoi bon ?). Si tu te manifestes, la saison se retrousse comme une vieille peau et je me transforme en chouette que l'on clouera au-dessus d'un porche usé par tant de pas humains que...(je ne sais plus...) Part de raison ou de déraison. Part de folie douce entre ces murs dont j'ai perdu conscience. Démon ! Oh magie des rubans qui s'enroulent autour de tes cuisses entrouvertes là-bas... magie des longs serpents de lune qui se déroulent de ton pubis aux étoiles... J'ai faim ! Ma bouche tète un sein de morte sur une grève couverte de petits poissons. Tout ce qui appartient à ce corps me nourrit et me nourrira ma vie durant jusqu'à ce que je devienne moi-même aussi raide que ce crustacé sur le sable ardent à travers les rétines de la mort. Qu'est-ce que cette garce de vie nous apporte sinon cette fièvre, sinon cet état grumeleux de cette vie passagère à la Vie rompant avec ce cycle des retours et des non-retours et des saisons fanées et des bruines, oh saisons dont je ne puis parler sans un pincement au coeur, oh visages condamnés à s'éteindre comme des lucioles dans cette part de jour que je n'ai jamais songé à revendiquer (mais qu'est-ce que vivre ?) quand je vois tant de corps se lever et poursuivre leur pérégrination coûte que coûte... quand toutes ces morts se refermeront comme des huîtres sur des perles plus incertaines que l'essence même de nos vies et de nos morts successives... Je me retourne. Tu es là. Faite de jour et de nuit. Faite de vies et de morts acquises et revendiquées. Rien ne change. Rien n'est immuable. J'ai appris à te regarder sans baisser les yeux. Part d'enfance et de source. Part de moi-même plus précieuse que ma propre vie...
Vital Bender
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Après le tohu-bohu des publicités et des bandes annonces, le générique s'affiche sans musique enserrant la salle dans une torpeur gênée. Les croqueurs de pop corn ne s'intéressent pas au ruban blanc. Ils préfèrent l'artillerie lourde des productions hollywoodiennes. Ou alors ils ont sagement posé leur gobelet pour une occasion plus discrète. C'est à dire 2h30 plus tard après un tout aussi muet générique de fin.
La couleur est très vite donnée : un noir et blanc épuré rendant aussi bien l'époque que l'ambiance. Epoque pré-première guerre mondiale dans un village quelconque du nord de l'Allemagne encrassé pour toute ambiance dans la pesanteur d'un féodalisme tenace et d'un protestantisme étouffant. Rien ne manque : sévices tolérés voire recommandés par une éducation aussi intransigeante qu'injuste, inceste, mépris, humanité bafouée par la loi du plus fort. La seule qui prévaut en fin de compte. Dont les premières victimes sont les plus faibles, d'abord les plus pauvres et au bout de la chaîne évidemment les enfants. La peur règne omniprésente, entretenue par une cascade d'humiliations reproduites d'échelons en échelons du sommet au bas de l'échelle des privilèges.
Mais aux tréfonds de l'âme la haine sourd et cherche un exutoire. Le plus communément elle se retourne contre soi-même. Ce qui arrange et huile les rouages de cette société corrompue. Mais parfois aussi elle se reproduit vers l'extérieur par l'intermédiaire de ce seul langage qui semble connu : la violence.
Aucune respiration. Aucune transcendance possible ici. Haneke voulait dans ce film interroger les mécanismes qui ont nourri le fond humain nécessaire aux deux guerres. Et c'est conduit avec une intelligence et une finesse telles que le tout ne suscite que des questions. Rien n'est élucidé. Même pas les drames qui ponctuent l'intrigue. Si bien que c'est un film auquel on repense. Des indices nous apparaissent par la suite tant sur l'enquête policière que sur la misère d'une époque. Un chef-d'oeuvre.Tous ces ravalements ont trouvé leur euphorique libération dans l'extrême violence des guerres mondiales. Que se passera-t-il quand le sud actuel, exploité, humilié et tu recrachera la haine qu'il accumule de décennies en décennies ?
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Ce qu'il y a de chouette finalement c'est la mobilisation qu'elle provoque. Un court-métrage qui comme l'affiche publiée il y a quelques jours ne diabolise pas à l'inverse, mais qui essaie juste de prendre la distance qui manque aux extrémismes, complètement dominés par les émotions négatives, les émotions conséquentes à la peur.J'ai aussi lu l'Hebdo de la semaine passée. L'enquête est très bien fichue. Je conseille à quiconque de la lire avant la votation.
Sinon j'ai vu que les marionnettes avaient été construites par Olivier Mäusli. C'est lui qui jouait le Peer Gynt dont j'ai abondamment inondé ce blog.
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