• Toute cette journée fut une lutte perpétuelle pour ne pas sombrer. Une quasi nuit blanche passée à me tourner et retourner me poursuivait avec son ticket de caisse. Apparemment je n'étais pas le seul. Quand je versais en salle de méditation, je me rendais en chambre puis inversément. Et nous étions trois sur quatre à effectuer ces allers et venues. Puis je me suis carrément laissé aller quand j'ai entendu le ronflement d'un de mes compagnons de galère. Bref, je ne conserve de cette première journée qu'un sentiment de combat pour l'éveil et ô frustration, non pas pour cet éveil que j'escomptais au départ.
    Une journée à attendre le moment de pouvoir enfin me coucher. De plus, comme je pensais que ça serait un bon séjour de récupération, je ne m'étais pas vraiment reposé avant de l'entreprendre. Erreur ! Et le plus absurde c'est que lors des courtes plages de repos qui ponctuent une journée, je n'ai jamais réussi à m'endormir.
    Ces plages font suite aux repas. Et puisqu'on y est, avouons qu'ils sont pure merveille. De par leur variété et leur excellence et de par les ruptures qu'ils occasionnent. Le petit déjeuner est copieux : fruits secs, produits laitiers et céréales. Le repas de midi est composé d'un plat végétarien chaud alors que celui du soir n'est constitué que d'un fruit et d'une boisson.
    Les premiers jours je n'avais pas faim. Mon corps était trop occupé à avoir sommeil et il fallait sans doute un temps d'acclimatation à ce nouveau rythme. Par contre plus tard bruits et odeurs de repas ne laissent pas indifférent - et si je veux être honnête - à parts égales pour les deux raisons citées plus haut ; la faim et la lassitude.


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    Comment comprendre les sentiments d'une personne qui n'en a pas ?


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  • Sans doute faut-il un rapprochement métamorphique entre soi et ses vices. Doit-il exister à l'origine de leur rencontre ou alors sont-ce ces derniers qui opèrent l'alchimie nécessaire à l'apparition de la dépendance ? Quoi qu'il en soit il en existe un entre la petite boule qui sautille sur un jeu de roulette, malmenée d'obstacles en obstacles avant de trouver sa place dans le créneau du gain ou des pertes, et Alexeï Ivanovitch, le héros du roman de son alter ego.

    Alexeï est précepteur pour un général russe au bord de la faillite qui s'est retiré à Roulettenbourg, ville d'eaux imaginaire sise quelque part en Allemagne, où viennent s'échouer les fortunes désoeuvrées et tout ce qui en vit et profite. Il est épris de Pauline Alexandrovna qui lui paraît inaccessible tant leurs mondes sont éloignés et qui plus est semble éprise d'un français tape-à l'oeil aux intentions aussi intéressées que ses références sont obscures. Tout le monde attend avec impatience un télégramme salvateur qui porterait la nouvelle du décès de la tante fortunée du général. Mais au lieu de celui-ci c'est elle en personne qui apparaîtra pour un revirement inattendu d'une intrigue enlisée dès les premières lignes.

    En effet tout ne tient que par le caractère romantique d'Alexeï dont nous lisons une espèce de journal. Car en soi, et c'est en cela que c'est fascinant, rien ne se passe. Tout n'est que conjecture magnifiée par l'excessivité fiévreuse du héros baladé par ses inquiétudes comme cette petite boule à laquelle il sera bientôt enchaîné. Excessivité russe ? C'est en tout cas ce que Dostoïevski voudrait nous faire croire et qu'il défend fièrement l'opposant à tout bout de champ aux mentalités française et allemande qu'il fustige. Seule l'anglaise trouve un semblant de grâce à ses yeux.

    Et ce qui est fou dans ce roman en plus des résonances autobiographiques, tant sur le plan de la dépendance que sur celui de Pauline Alexandrovna, c'est encore cette situation dans laquelle se trouvait Dostoïevski au moment de la rédaction du Joueur. Forcément retrouvé dans la position du joueur ; impatient, suant, mais avec ce picotement d'adrénaline et cette furieuse sensation d'être vivant, maître du monde ; devant l'ultimatum que lui avait fixé son éditeur qui se rendait propriétaire de tous ses droits s'il ne livrait pas un roman aux pages définies dans un délai que Fédor avait laissé devenir inatteignable sans l'aide de la sténo qui devint sa femme. Ainsi sur ce coup-là Dostoïevski avait gagné sur tous les plans : il a fini son roman à temps, roman en plus excellent, il a rencontré sa future épouse, épouse qui lui amènera la stabilité nécessaire à l'abandon définitif du jeu. Et ironie du sort, son gain le plus fameux ne doit rien au hasard.

     


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  • Alors il y aurait un pôle de cristal
    tintant sous la caresse des morts qui rôdent
    un lieu d'ardentes paupières
    où le râle des agonisants s'achève en notes cristallines.
    il y aurait la mémoire de cristal
    un chant un seul contenant toutes les émeraudes
    les souvenirs rassemblés là dans leur globe musical
    un lieu de poudre fine
    et de chagrins banals
    ici et partout ailleurs en chemin toujours en chemin
    et sur la crête d'un rêve
    ce papillotement carmin
    cette note brève
    cette note unique. Il y aurait
    la nuit toute la nuit perdue
    toutes les dissonances claires
    de ce pôle central.
    Un visage inspiré
    en face d'un autre visage inspiré...

    Vital Bender


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  • Le vestige d'une présentation d'Oedipe Roi et Jocaste Reine sur le plateau de Canal 9. Un de ces très étranges moments qui se déroulent à la vitesse de la lumière. Où pris sous le feu on se démerde comme on peut pour ressasser ensuite toutes ces choses qu'on aurait préféré dire et celles qu'on aurait voulu ne point dire. (Faut aller en fin de journal.)

    Et encore un article de Véronique Ribordy paru dans le Nouvelliste. Première critique dont je suis directement le sujet. Là aussi que de curieux sentiments en se disant qu'en fait c'est de soi qu'on parle.


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