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Voilà c'est terminé. Le décor est plié et séquestré jusqu'au moment de sa résurrection en septembre.
Si j'y reviens c'est pour signaler une critique signée Eric Felley et publiée ici sur le site de Valais-mag. Vous verrez que contrairement à celle proposée par Christine Savioz, elle est plutôt mauvaise. Quoique non dénuée d'intérêt car également représentative de la réception d'une portion du public. Je ne peux en toute logique pas adhérer à ses propos que je trouve partiels. Cependant ils sont un bon complément à la dithyrambe du Nouvelliste. La superposition des deux articles donne peut-être une idée plus conforme au résultat qu'un seul des points de vue.
Mais au-delà de la pertinence d'Eric Felley, je soupçonne tout de même celui-ci, surtout en ce qui concerne Bastien Fournier, d'être non seulement partiel mais - égard à des scories politiques typiquement valaisannes - partial.
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On me l'avait conseillé à l'époque où je préparais Oedipe Roi sous prétexte que l'intrigue de Murakami s'inspirait du mythe. Je n'ai pu le vérifier qu'une fois les représentations bouclées. Sans regret car le roman de Murakami prend une telle indépendance par rapport au destin d'Oedipe que je n'y aurais pas trouvé - pour l'élaboration du rôle - un matériau révolutionnaire.
Sa richesse se situe ailleurs. S'il est vrai que pour Kafka comme pour Oedipe, la prédiction est à l'origine de la peur et celle-ci d'un leitmotiv plus ou moins conscient mais toujours déterminant dans les options et décisions des personnages, les frontières réelles des mondes décrits par Murakami sont bien plus friables et incertaines que celles de la tragédie originelle où les dieux daignaient parfois intervenir dans le nôtre alors que le leur nous restait douloureusement hermétique. Dans l'univers de Murakami, un échange permanent s'effectue entre les mondes - ou les niveaux de conscience ou les dimensions - et ceux-ci s'influencent mutuellement, comme si tous participaient à une flamboyante organisation dont les aboutissants nous échapperaient. Mais dont la volonté - à l'inverse de la tragédie - serait beaucoup plus poétique, c'est à dire qu'elle serait lavée des passions humaines. Une clé de cette outre-humanité nous est suggérée par le personnage de Nakata, qui contrairement aux autres, est libéré du temps. Suite à un fait mystérieux intervenu dans son enfance, Nakata perd les facultés intellectuelles qui ont fondé la société où nous évoluons mais hérite en revanche d'un don de disponibilité totale au présent. Et donc d'insouciance. Et donc de paix... Ni passé ni futur n'ont prise sur lui. "Heureux les simples d'esprit, le royaume des cieux leur appartient." Sa trajectoire jubilatoire éclaire ainsi celle de ceux empêtrés dans la toile des souvenirs ou des espoirs.Haruki Murakami, dans une époque où tout se doit d'être résolu ou expliqué et où la plupart des films évitent tout composé qui pourrait frustrer le "client", ouvre quantité de portes qu'il ne referme jamais. Il lance multiples pistes qu'il laisse cheminer de leur propre vie, dans notre propre imaginaire. Et ce faisant, il réalise pourtant le tour de force de ne jamais nous frustrer. Il nous promène entre la féérie et la mélancolie, entre la vie et la mort. Il interroge sans poser de question et le tout flotte comme un mobile énigmatique au-dessus de nos têtes et où nous ne serions pas surpris de voir s'y balancer le lecteur que nous sommes.
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La première fois que j'ai vu Eric Masserey c'était lors d'une séance de dédicaces dans une librairie sédunoise. Je m'y étais rendu pour retrouver une amie d'école normale que j'avais perdue de vue jusque là et qui signait sa première publication. Mon amie avait signalé avec fracas sa tournée des libraires et était encerclée d'un amas enthousiaste et diffluent. Ce qui de toute évidence n'était pas le cas d'Eric Masserey qui semblait se prêter à l'exercice d'une grâce plutôt empruntée, comme un dodo en Alaska, échoué en un lieu impropre et presque hostile puisque d'une effervescence qui ne lui était pas destinée. Si bien que je n'ai compris que bien plus tard que lui aussi présentait des ouvrages. Visiblement, ce soir-là, Eric eût préféré être ailleurs.
La deuxième fois que j'ai vu Eric Masserey c'était le lendemain même à la sortie de l'unique représentation sierroise d'Oedipe Roi. Je l'ai immédiatement reconnu, un peu gêné toutefois, car je n'avais pas osé l'approcher la veille tant sa place lui paraissait inconfortable et tant je ne voulais pas risquer une dépense supplémentaire. Nous avons échangé quelques mots et suite à l'impression renouvelée d'humilité et de mélancolie qui se dégagea du bref partage, je me suis promis de lire son livre dont j'avais déjà lu le plus grand bien chez Alain Bagnoud.Ce livre est une friandise. Un dessert. Mais un dessert d'occasions. Une madeleine qu'on n'extrairait de son écrin qu'après s'être ordonné l'intérieur, d'y avoir réveillé sa présence et d'avoir pris trois longues respirations.
Comme son nom l'indique, Eric Masserey nous embarque dans le passé de sa famille et dans le sien, lointain ou rapproché. Les mots sont teintés de mélancolie et on les sent comme issus davantage d'une méditation que d'une volonté, de ces moments échappés au temps où on s'arrête pour écouter ses vagues intimes. Ainsi Eric Masserey m'apparaît comme ces ballons atmosphériques, lâchés vers ces strates inhumaines mais encore scellés à la terre avec en fantôme omniprésent cette pointe de douleur causée par la tension contradictoire. Et cette fêlure nous touche, comme écho à celle que nous portons tous. Ou par compassion et reconnaissance face à une réelle sincérité.
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Ben voilà. La première est passée.
Je constate que la critique qui complète l'article de présentation que j'ai mis en lien hier n'apparaît pas sur le site. Je vais donc la recopier ici. D'autant qu'elle est bonne. Pourquoi s'en priver ?Troublant
"Sur un pont par grand vent" est encore une de ces pièces qui giflent le spectateur. Elle commence tout doucement, l'air de rien. Puis, les mots de Bastien Fournier, dits avec clarté par les comédiens, prennent une tournure crue. Ils claquent avec violence.
Des mots qui, au fil des monologues, racontent un crime vieux de vingt-cinq ans. Des mots pour crier les maux de ces personnages qui ont tous souffert de cet assassinat.
L'émotion atteint son paroxysme lorsque la meurtrière - interprétée par Olivia Seigne - décrit et revit la scène du crime. Frissons dans l'assistance. La comédienne est parfaite dans ce rôle. Sa voix, profonde et troublante, donne vie aux images du drame. D'ailleurs, toute la distribution est bien choisie. Aucune fausse note dans l'interprétation des personnages. Fred Mudry, qui joue l'inspecteur, est plus que crédible. Il capte l'auditoire en une fraction de seconde. Idem pour René-Claude Emery, qui joue un aventurier blasé, ou pour Laurence Morisot, plus vraie que nature en soeur hospitalière. Le jeu des comédiens est si juste que le spectateur en oublie les masques collés sur leur visage. Et le texte prend toute son ampleur. Une pièce qui explore l'âme humaine.
Christine SaviozEt vite encore avant de conclure ce lien vers l'émission de Canal9. Bastien Fournier et moi-même y sommes reçus sur le plateau d'Actu.
Enfin si vous avez le courage de patienter un peu. On n'intervient qu'aux 2/3 de l'émission.
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Et voilà, on y est sur ce pont dont je vous rabats les mirettes depuis peu. Espérons qu'il tiendra le choc de la tempête qui s'annonce pour ce soir.
Sinon je signale un article paru sur le Nouvelliste d'aujourd'hui. La journaliste Christine Savioz a assisté à des instants de répétition et à un filage qui lui ont permis de rédiger une critique en amont de la première - puisque comme vous le savez déjà, celle-ci aura lieu tout à l'heure. Je trouve la démarche vraiment pertinente. D'autant plus lorsque nous ne pouvons jouer que quatre fois.
Même dans un cycle de représentations courant - une à deux semaines - les critiques interviennent souvent trop tard (enfin si elles sont bonnes) et sont davantage utiles à la post production et la planification d'une potentielle tournée qu'à la promotion des représentations en cours.Mes remerciements à Christine Savioz.
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