• Bonaventure M'Fele Kabamba dit "Coco" administrateur des Intrigants sera notre guide fidèle jusqu'au bout. Il nous accompagnera partout sans compter le nombre d'heures nécessaires à nos déplacements. De chez lui à l'hôtel 30mn, de l'hôtel au théâtre 30mn. Parfois plusieurs allers-retours dans la journée.
    Le moyen le plus simple de se déplacer dans Kinshasa est la marche à pieds. Pour les "courtes" distances (30 à 60mn) ça vaut vraiment la peine. Mais pour le reste, ça se complique : imaginez la distance Genève/Lausanne remplie de petites bicoques de brics et de brocs, habitées par sept millions de personnes, soit toute la population de la Suisse ; vous aurez alors l'idée du temps qu'il faut pour traverser la ville de part en part... sachant que ce sont les taxis qui te disent où ils vont, sachant que pour bien arriver quelque part il te faut plusieurs fois changer de bus-camionnette surchargée (pour autant qu'il y ait de la place) et que ta destination corresponde à celle hurlée par l'apprenti contrôleur entre crissements de pneus, nuages de poussière, coups de klaxons, coups de gueule et foires d'empoigne si tu as décidé de tenter de monter. Une fois à l'intérieur, il ne te reste plus qu'à t'en remettre à Dieu pour arriver vivant à destination. Mais heureusement, certains chauffeurs sont protégés par des inscriptions du genre "respectez le conducteur car il conduit votre âme" ou "Dieu protège mon véhicule matin, midi et soir", dans ces cas-là tu peux te détendre, il ne peut rien t'arriver. Et la boîte à sardines à quatre roues se jette dans le flot ininterrompu de véhicules jaunes et bleus qui n'arrêtent pas de tricoter des dépassements de gauche et de droite sur environ trois voies ; tout est autorisé du moment que tu as un bon klaxon pour prévenir. Plus ton klaxon est puissant plus tu iras vite. Parfois tu monteras dans un véhicule avec le volant à droite, dans ce cas le chauffeur préférera rester sur la gauche de la route, ne t'inquiète surtout pas, c'est normal. Avec un peu de chance, le véhicule aura même un pare-brise impeccable et d'une seule pièce sans impact ni fêlure.

    Thierry Crozat

    A suivre...


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  • Les séances de méditation reprennent à 13h30 par une heure et demie de méditation libre. - Par méditation libre j'entends le fait qu'elle peut se pratiquer soit en chambre soit en salle. - Puis de 14h30 à 15h30 se déroule à nouveau une méditation de groupe où tout le monde est tenu d'être présent. De 15h30 à 17h00 s'ensuit une méditation libre avec en début de plage un espace dédié aux auditions des étudiants. L'enseignant nous convie en face de lui pour savoir où nous en sommes dans la pratique ou si nous avons des questions éventuelles. Grand moment de solitude. Vous raconterai. Enfin à 17h00 c'est l'heure du thé. Juste avant la dernière ligne droite, la dernière méditation de groupe de 18h00 à 19h00, à laquelle succède la conférence jusqu'à 20h15. On s'assied encore ensemble pour une dernière et courte méditation censée nous ouvrir une nuit douce et agréable.

    Ce deuxième jour la consigne était très semblable à celle du premier jour. La zone sur laquelle devait se fixer notre attention était juste un peu réduite et se limitait au triangle du nez et des lèvres supérieures contre lesquelles bute notre expiration. Juste observer les sensations de cette zone. Par bonheur et Dieu sait quel miracle - puisque j'avais encore moins dormi que la veille - mes coups de pompe furent plus espacés. Par contre, ne pas penser était toujours aussi rude. Pire ! J'avais l'impression d'être pleinement inspiré. Dix-huit idées à la seconde. Quantité d'aphorismes implacables. Et le regret de ne pouvoir les noter, la volonté de les retenir.
    Bien évidemment je n'en ai gardé aucun. Ils se dissipaient au fur et à mesure qu'en arrivaient d'autres.

    En tout cas méditer est un effort intense ; on recherche le silence au milieu du bruit et c'est éreintant. Surtout qu'après addition cela représente onze heures. Onze heures de méditation par jour.


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  • La nuit fut à peu près équivalente à la précédente. J'avais passé la journée à la rêver et quand enfin j'y fus, impossible de rêver. J'ai épuisé toutes les positions, tous les immobilismes, me suis levé, ai erré... Rien à faire. Je ne parvenais pas à dormir. Un feu intérieur me consumait, mes humeurs bouillonnaient. Je me noyais dans un flot d'idées, de pensées puis la colère de ne pouvoir récupérer, de voir s'ébaucher une journée tout aussi laborieuse que la première. C'était rageant.
    Quand le gong résonna, je n'avais probablement profité que d'une petite heure de sommeil. Et c'est le dépit ardent que je gagnai la salle de méditation.
    Il était 04h30. Le réveil avait sonné une demi-heure plus tôt. Cette première séance, avec durant la première heure un enregistrement des chants de S.N. Goenka, nous conduit au petit déjeuner deux heures plus tard. Chaque jour et indéfectiblement le temps accordé à celui-ci est d'une heure trente mais comprend un espace de repos ou de promenade. Un temps libre. Ce deuxième jour j'ai pu dormir quelques minutes. Puis de 08h00 à 09h00 nous reprenons par une méditation de groupe. C'est lors de cette heure que de nouvelles indications sont apportées à la pratique. Ensuite nous enchaînons avec deux heures de méditation libre jusqu'à 11h00. De 11h00 à 12h00 le repas est servi puis jusqu'à 13h00 nous avons à nouveau une heure de pause. C'est en général ici que je prenais ma douche. Heure durant laquelle une possibilité nous est offerte de rencontrer l'enseignant en privé.


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  • La vie n'est pas tridimensionnelle. Dans la galerie de nos existences on s'acharne souvent dans une seule direction, la considérant comme la seule à même de conduire à un but. Alors que si on garde à l'esprit son but, tous les chemins y conduisent.
    Ce qui compte c'est le bonheur de creuser. Le bonheur est notre boussole : la quatrième dimension. La résistance de la roche à entamer n'est que l'apparence. Elle n'est porteuse d'aucune garantie.


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  • Je précise de suite qu'il n'y a strictement rien à voir entre Avatar et Sia. Juste eu besoin de replonger dans la fin splendide du splendide Six feet under. Et de le partager. Indépendamment de tout.
    Ca c'est dit.
    Alors Avatar.
    C'est dans le même état d'esprit que pour 2012 que je m'y suis rendu. Sans la moindre attente. La comparaison est à ce point impensable que je suis retourné le voir une deuxième fois. De mon plein gré. Mais en 3D pour changer un peu. Quand même faut pas exagérer... (Je doute que je n'y serais pas retourné malgré tout.)
    Rien n'est laissé au hasard. C'est éreintant. (Réplique volée à un texte de Bastien Fournier que je suis en train de me fiche dans le crâne.) C'est remarquablement construit. Chaque plan fait sens. Chaque détail fait sens. Tout est au service de la narration. Au-delà des effets dont on a abondamment parlé partout, Cameron est un conteur visuel absolument génial. Car il s'agit bien d'un conte et il ne faut pas l'oublier. On lui reproche souvent un canevas convenu, une simplicité éreintée. Mais les contes fonctionnent sous le même canevas depuis des siècles et ce n'est pas près de changer. Et tant mieux. Il faut juste reconnaître les codes. On ne va pas se plaindre qu'un dessert manque de sel. Si on veut du sel on mange des pâtes. Ou ce que vous voudrez de salé. Il en va de même sur le jeu soi-disant caricatural des comédiens (spécialement des méchants), sur une espèce de manichéisme lourdeau pour que de nouveau je ramène au code. Et malgré cela je trouve que Cameron le sublime. Avatar ne se contente pas de conter une histoire pour gosses ou adultes en manque d'émotions mais il joue sur tous les registres. Et pour peu que l'on s'efforce de lire juste un peu au-delà du premier degré d'autres thématiques se révèlent. Il n'y pas qu'un combat entre les bons et les méchants, les animistes et les technocrates, une modération respectueuse et une croissance décadente. Il n'y a pas qu'une histoire d'amour à l'eau de rose (ou plutôt de gentiane). En plus de notre rapport à la nature, à notre Gaïa, il y a son rapport à soi et son corps, à soi et les mondes virtuels, à l'influence de ces mondes sur ce que nous devenons. A notre impuissance physique soudain résolue dans nos avancées technologiques et surtout informatiques. Handicapés derrière notre écran tels le personnage principal, notre esprit peut par quelques clics investir des corps pixelisés, trouver presque immédiatement l'objet de son désir, voyager dans le temps et l'espace comme pas plus loin que nos parents ne pouvaient le faire. Et quel énorme sentiment de frustration et d'impuissance quand le héros se fait réveiller en pleine action, car c'est en dormant (tout un symbole) qu'il pilote son avatar !
    Non, sérieusement c'est un vrai chef-d'oeuvre. Dans un tout autre registre que des films que j'ai pu qualifier comme tel ici. Et c'est vraiment tout à l'honneur du réalisateur. Et les statitiques le prouvent. Bien qu'elles soient incapables de prouver une qualité, elles prouvent un intérêt.
    C'est un conte. Oui. Et c'est sa force. C'est avant tout un conte. Mais un conte large. Un conte qui ouvre ; comme c'est l'apanage d'un conte réussi. Quelque chose qui plante ses racines dans les plus reptiliens de nos fonctionnements et de nos peurs.


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