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Par libou1 le 19 Mars 2008 à 20:06
Nous avions convenu d'une heure ardente indicible une heure
à inscrire en lettres de sang sur les murs de notre sommeil
et nous voici tous deux roulant tanguant sur cette mer de mots
dans un silence rempli d'électrochocs.
Nous avions convenu de matins sans oxydation
où la dérive du coeur et celle des yeux convergent vers un pôle dont le clignotement nous fait passer du jour à la nuit au jour dans la même seconde.
Afin que nous puissions revivre
nous hâter sans nous reconnaître
vers la source des syllabes
et nous perdre en route
nous perdre encore et encore
- la source des pierres des oiseaux -
afin que nous nous acheminions côte à côte
vers la genèse fulgurante de ce poème.
Silence ! oh silence !
la vie refait surface
à la lisière de la page blanche ! ...Vital Bender
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Par libou1 le 14 Mars 2008 à 15:46
Un ciel en forme d'abat-jour (à l'intérieur de sa pensée constituée d'une superposition de visages plus ou moins chers) pivote lentement en direction d'un avenir incertain (globe lumineux derrière un voile de fumée), ce globe se met à tourner sur lui-même de plus en plus vite, dissipant ces brouillards, ces visages, ce ciel, et toute cette pénombre poisseuse qui nous incite toujours à croire qu'une femme nous attend en haut d'un escalier monumental, alors que c'est au fond d'un puits (avec autour du cou un collier de serpents qui s'ennuient). L'homme secoue sa tête creuse et se verse à boire, renverse le verre sur la tête de son voisin de régiment ou de palier qui se contente de sourire pour ne pas enfreindre la loi rouge du silence, et vice versa. S'ensuit un instant de stupeur - valse sulfureuse, atmosphère de fin des temps qui se prolonge jusqu'à l'aube (une lueur par-ci par-là), un dictaphone qui fuit à travers des rangées de crânes, un éclair jaillit d'une bouche, d'une orbite, déjà l'odeur de soufre et plus tard l'appel rauque d'un enfant sous des gravats, de vieux arbres en couronne dont la détresse tourne court. Un homme, toujours le même (il n'a plus de tête) remplit son verre en pleurant sur des visages qui fondent comme de la cire.
Vital Bender
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Par libou1 le 8 Mars 2008 à 13:34
Pouvait-elle ignorer plus longtemps qu'elle ne vivait plus en elle ? Que sa respiration était une respiration de morte ? Que le tonnerre l'a rendue sourde ? Que l'écheveau des pertes et des réconciliations se dévidant sous son pas pressé, trop pressé... (peut-on écrire cela ?) Oh parages hantés par son supplice ! ... quand la lampe-tempête s'éteint brusquement et qu'une veille d'oiseaux funèbres débute au fond d'un lac bien réel, et qui rosit en surface...
Vital Bender
2 commentaires -
Par libou1 le 15 Février 2008 à 11:40
Au terme de cette même journée, un petit singe que je rencontre sur une éminence rocheuse me fait part de sa tristesse face à ce panorama grumeleux, chaotique, au fond duquel, dit-il, il ne reconnaît plus son enfance. Je le rassure et il poursuit sa route en psalmodiant, fouillant l'horizon de ses yeux trop clairs jusqu'à ce qu'une tache noire apparaisse sur sa rétine et qu'une vieille femme excessivement voûtée lui ordonne de réintégrer sa cage dont les barreaux sont constitués de rayons très lumineux qui l'obligent à tourner le dos à la mer. Je n'oublierai jamais cet instant où il a baissé les yeux sur la rocaille pour ne pas avoir à répondre à cette question qui me brûlait les lèvres. Car l'enfance des petits singes demeurera toujours pour moi un mystère.
Vital Bender
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Par libou1 le 9 Février 2008 à 13:15
Me faufiler à l'intérieur de ce crâne... Pouvoir un jour saisir toutes les subtilités de ce mécanisme qui fait que l'on pense, après avoir couvert de pleurs la pendule, et dériver, dériver (dérive...) oh ! qu'espéré-je à la fin ? La petite flamme facille, éclairant à peine une encoignure où une araignée tisse sa toile entre mes omoplates. Au moindre mouvement, le sol s'entrouvre, le plafond s'émiette, l'araignée regagne ma bouche et décidément je ne saurai jamais l'éclat ni la douceur de cette chevelure quand la pendule sonne l'heure des morts passant à travers les murs, comme ces fantômes pour lesquels je ne veux plus écrire.
Vital Bender
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