• Un ciel en forme d'abat-jour

    Un ciel en forme d'abat-jour (à l'intérieur de sa pensée constituée d'une superposition de visages plus ou moins chers) pivote lentement en direction d'un avenir incertain (globe lumineux derrière un voile de fumée), ce globe se met à tourner sur lui-même de plus en plus vite, dissipant ces brouillards, ces visages, ce ciel, et toute cette pénombre poisseuse qui nous incite toujours à croire qu'une femme nous attend en haut d'un escalier monumental, alors que c'est au fond d'un puits (avec autour du cou un collier de serpents qui s'ennuient). L'homme secoue sa tête creuse et se verse à boire, renverse le verre sur la tête de son voisin de régiment ou de palier qui se contente de sourire pour ne pas enfreindre la loi rouge du silence, et vice versa. S'ensuit un instant de stupeur - valse sulfureuse, atmosphère de fin des temps qui se prolonge jusqu'à l'aube (une lueur par-ci par-là), un dictaphone qui fuit à travers des rangées de crânes, un éclair jaillit d'une bouche, d'une orbite, déjà l'odeur de soufre et plus tard l'appel rauque d'un enfant sous des gravats, de vieux arbres en couronne dont la détresse tourne court. Un homme, toujours le même (il n'a plus de tête) remplit son verre en pleurant sur des visages qui fondent comme de la cire.

    Vital Bender 


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