• Voilà une partie des affiches qui constituent la campagne mise en place par la police cantonale vaudoise et qu'on nous inflige jusqu'à l'écoeurement à tous coins de rues et bords de routes. Tout un déploiement pour une vanité grotesque et sans nom hormis celui de la bêtise que ces slogans véhiculent. "Je hais les flics et si ça changeait". Comment le seul fait de les regrouper sous une seule autorité pourrait-il modifier cet état de fait ? Jusqu'au présent de mon existence à aucun moment le flic ne m'a donné une seule occasion de l'apprécier. On m'arguera bien sûr qu'en cas de souci je serais bien content de pouvoir recourir à leurs services mais franchement jusqu'à maintenant mes seuls soucis auxquels la police se trouva mêlée furent ceux qu'elle avait elle-même créés. Jamais à aucun moment la flicaille fit autre chose que de frustrer mes tentatives de lever le nez. Il se trouve toujours un de ces rabat-joie pour vous coller des sanctions infantilisantes. Comment tenter la responsabilité quand on nous oppose des fonctionnaires qui dissimulent leur atrophie cérébrale à coups d'arrêts de loi ? Bien au contraire cela provoque plutôt en nous une irrépressible tentation à la transgression. De là à dire qu'ils sont à l'origine des raisons qui les font exister il n'y a qu'un pas qu'une partie de moi franchit de plein pied.

    Pourtant je les plains ces pauvres flics. J'imagine que si on se retrouve à cette fonction ce n'est, au départ en tout cas, pas uniquement pour toucher son salaire le 25 de chaque mois. Je me dis qu'on doit s'engager dans l'espoir de défendre et représenter une hasardeuse justice. Quel lot de désillusions alors pour ceux-ci dont la principale occupation consiste finalement à emmerder le monde. Et quelle contradiction à assimiler sur les traits que leur miroir dévoile sous leur képi. Ils courent vers une inévitable schizophrénie. A moins qu'ils ne l'aient à la base.

    Ce qui sans doute les lance dans cette propagande aussi insistante que creuse : Assumer ces deux personnes en soi sous plus qu'une seule police et unie qui plus est peut entretenir le leurre de pouvoir réduire les symptômes inhérents à leur profession.

    Mais je dis que pour leur bien - et celui de tous - il faudrait directement rayer ce triste métier de la surface planétaire. Eux comme le monde s'en porteraient mieux. Alors à une police unie je réponds "Tous unis contre la police !" et à cette votation-là je voterai blanc.

     


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  • M'étais rendu à Genève lundi pour voir la dernière pièce de Dominique Ziegler au Poche et mon pas allègre se vit soudainement interrompu par une vision d'horreur si surprenante que j'ai cru devoir en décrypter une quelconque facétie. Mais non c'était bel et bien du premier degré. Sans doute de la part de quidams incapables d'en exprimer de plus élaborés mais quand même. J'étais si interloqué que je ne savais s'il fallait rire, me rouler parterre en hululant et bavant pour m'ajuster à ce degré de finesse ou à me faire pincer pour me ramener sur cette terre dont j'oublie parfois les contradictions.

    Mais après tout, il n'y avait là rien de bien original. Juste quelque chose de très triste. Une nouvelle variation d'un même thème qu'on trimballe au fil d'infatigables recyclages depuis bien des siècles et qui s'est matérialisée de façon douloureusement démonstrative en 39/45. Seul l'objet de la diabolisation varie au gré des intérêts des rétentionnistes de tout bord. Ce qui m'amuse et m'effraie c'est que ces derniers osent s'afficher sans honte et sans rétro-conscience. Que voulez-vous on n'arrête pas la régression. Mais laissons ces pauvres personnes fermenter dans leurs latrines cérébrales. Ce qui m'intéresse maintenant c'est de voir où se situe la conscience populaire car avant de m'acheter mes bottes hivernales il est bon de savoir à quel niveau se monte la matière fécale globale.

    Et j'espère pouvoir éviter une combinaison de plongée.


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  • C'était la nuit des musées hier soir. Où tous les musées restent ouverts jusqu'à 4h30. Quoique le musée d'art brut ferma à 2h. On y trouve de tout dans ces oeuvres obsessionnelles et obsédantes. Impossible de sortir indemne de là. On reçoit toujours une part de la poussée irrépressible qui explosa en la création. Et ça n'est pas souvent la sérénité. Par contre, sans doute qu'elle pouvait y contribuer.

    Je trouve merveilleux à quel point l'expression d'un déséquilibre peut être ordonnée. Peut-être que la voie du milieu se trouve dans la confrontation des extrêmes. Et quand j'essaie de regarder la vie comme on regarde un tableau, je me dis que c'est forcément un fou qui mit le monde au monde. Ou un sage. Ou que la folie est ce qui se rapproche le plus de Dieu.

    (tableau d'Augustin Lesage)


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  • fs

    Victor Jara est mort quelques mois après ma naissance. Je me souviens avoir entendu cette histoire d'un musicien à qui on avait demandé de jouer de la guitare après lui avoir coupé les doigts. Tout ceci avait glissé dans les espaces de l'oubli jusqu'à ces derniers jours où sans le savoir c'est lui que j'entendais en cours de montage de chapiteau. Il nous arrive d'écouter quelques disques en travaillant à la bonne marche de notre tournée de Peer Gynt. Cette voix à la fois puissante et pure m'est allée droit à l'interne. Comme ces choses qui se passent sans qu'on y prête garde. Comme l'amour qui nous surprend à gauche quand on regarde à droite.

    Depuis il tourne en boucle. Et ce sans saisir plus de trois mots d'espagnol. Et même sans sa poésie, parait-il remarquable, il est vrai qu'il peut déranger. Il trimballe derrière ses notes une telle charge émotionnelle que beaucoup peuvent la trouver insupportable, les enfonçant dans une mélancolie rare.

    Victor Jara est de ces artistes engagés qui portent en eux le moteur de leur lutte. Il nous confronte à ce vide qui nous grignote et que nous fardons de mille artifices. Mais il a le mérite de nous y confronter. Il a le mérite de nous empêcher de tricher. Il nous tend ce vide comme on nous tendrait un miroir. Parce qu'il le connaît suffisamment pour savoir qu'en prenant la peine de s'y arrêter on ne peut y tomber puisque déjà nous nous y trouvons. Parce qu'il sait que ce vide est plein mais que cette plénitude ne peut être appréhendée que par le courage de l'insistance. Comme dans le noir total, nos yeux finissent par laisser naître les formes. Comme dans le noir total, des moyens à inventer nous permettent d'en découvrir les trésors. Ou mieux : leur essence.

     


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