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Je traîne mais je reviendrai bientôt de mes vacances forcées. Je pensais que ça irait mais sans connexion c'est un peu dur de tenir un blog. A quand je me serai résolu à m'abonner quelque part...
D'ici là bon soleil !
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Cet atelier de théâtre est prétexte à la rencontre. Nous savons juste que les Intrigants veulent créer Lysistrata et collaborer avec les arTpenteurs. Sous quelle forme ? C'est avant tout leur projet et nous sommes prêts à répondre à leurs attentes durant ces huit jours, pour autant qu'elles soient clairement formulées. Nous venons avec une boîte à outils d'exercices d'exploration sur le choeur et le jeu masqué en restant très ouverts sur le développement de l'atelier et la possibilité de travailler sur Lysistrata.
Les questions fusent sur le choeur qui leur semble une notion très abstraite, et le jeu masqué, d'autant plus que nous travaillerons sans masque !
Les ateliers se dérouleront chaque jour de 9h à 16h sauf dimanche. Nous abordons le travail sur le choeur théâtral par des exercices d'équilibre de plateau, de banc de poissons, de perception de l'espace. Très vite les acteurs comprennent l'importance de l'ouverture et de l'écoute de chacun, entrevoient la puissante présence d'un choeur relié, organique et sensible. Pour le jeu masqué, avec pour principe de base que le corps est lui-même un masque, nous ferons un tour par le "tréteau" et le premier voyage. Tout passe par une perception réelle du monde, de l'espace, de l'autre comme de l'imaginaire. Il n'y a pas de jeu sans sincérité. Une question un peu naïve posée par Clément : "quelle différence entre le jeu masqué et le bal masqué ?" a déclenché des réflexions très instructives : Le bal masqué appelle à l'illusion puisqu'on se cache derrière un masque pour ne pas être reconnu, alors que le jeu masqué révèle et met à nu ce que l'on porte en soi. La relation de jeu à deux ou en groupe sera mise en pratique par des lancers de bâton. Des exercices de confiance ou du chant vibratoire seront pour eux de véritables découvertes. L'un d'eux nous dira sa stupeur d'expérimenter qu'on pouvait faire vibrer ses fesses avec la voix !
Et puis nous allons faire un tour du côté de Lysistrata avec les thèmes de la guerre, de l'affrontement, la provocation et l'insulte, la fanfaronnerie et le serment toujours sur fond de comédie. Des chants en lingala ou kikongo font écho aux thématiques. Quelques scènes sont esquissées avec le texte dans sa version africanisée renommée "La grève du sexe", que ce soit avec les choeurs d'hommes et de femmes ou des personnages. La scène la plus croustillante restant "l'allumage" de Chaulapin par sa compagne Dora qui au dernier moment s'esquivera après lui avoir fait promettre de voter pour la paix. Dans cette histoire, les hommes sont raides dingues et n'en peuvent plus (les femmes ne sont pas loin de craquer d'ailleurs) ; ils finiront par signer la paix.
Nous conclurons le dernier jour par un montage de séquences chorales, chantées ou jouées en lien avec Lysistrata. Où l'on prend conscience d'un beau et conséquent chemin parcouru.
Le retour est très positif. C'est fou ce que la soif de découvertes déclenche chez chacun une appropriation et une interprétation personnelle profondes du moindre exercice mis en pratique. Le choc des cultures est toujours enrichissant pour toutes les parties. L'accent a été mis sur la sincérité du jeu d'acteur, le corps, la voix et le choeur.Thierry Crozat
A suivre
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Voici qui n'est pas réjouissant : si nous souffrons c'est de notre faute.
Si nous sommes dans un pays en guerre c'est de notre faute ? Si un chauffard nous handicape à vie c'est de notre faute ? Si nous voulons le bonheur et sommes bouffés par l'angoisse c'est de notre faute ? Si nous crevons de faim c'est toujours de notre faute ? Si on nous viole à six ans c'est encore de notre faute ?
Eh bien quelque part oui. En étant partie du fatras humanitaire oui. Si ce tas de gens procédait d'un esprit pur la plupart des maux disparaîtraient. Guerre - faim - chauffard - viol, dans la conscience du tous en un filerait à la trappe. Malheureusement il faut combiner avec l'esprit grippé de l'espèce. Et pourquoi donc cette espèce agit ainsi ? Parce qu'elle souffre. Et pourquoi souffre-t-elle ? A cause du dernier point qui intervient - souvenez-vous - dans le fonctionnement de l'esprit. A savoir la notion de préférence ; l'attirance ou l'aversion, le désir de prolonger une sensation agréable ou celui d'éviter à tout prix une sensation blessante.
Comme c'est affligeant non ? On blesse pour refouler, éviter la blessure, on tue pour éviter la blessure, on viole pour éviter la blessure. Actes qui provoqueront des actes. Nous ne sommes pas les enfants de la liberté. Nous sommes fils et filles de la souffrance.
Ce qui cette fois-ci me fait penser à Platon. Selon lui la liberté n'est pas de faire ce qui nous plaît mais au contraire d'être capable de ne pas le faire. Comme si la préférence était déjà l'indice de l'égarement. Et en effet pour le Bouddha un esprit pur ne préfère plus.
Alors comment échapper à cette souffrance qui réduit voire annule toute notre autonomie ? D'abord il faut accepter cette réalité. Cette réalité de l'existence. Avec cela il faut comprendre le phénomène d'apparition de la souffrance pour être capable de l'observer et d'en déceler le mécanisme. Puis en tirer les conclusions.
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Celui du troisième jour n'est d'ailleurs pas très rassurant. Il nous place face à notre responsabilité d'être humain. Selon le Bouddha nos propres actes sont les causes de tout ce que nous vivons : "Tous les êtres possèdent leurs propres actes, héritent de leurs actes, ont pour origine leurs actes, sont liés à leurs actes, leurs actes sont leur refuge. A la mesure de leurs actes nobles ou vils, ainsi sera leur vie." Ainsi nous sommes ce que nous faisons. Notre vie est le résultat de ce que nous avons fait. Et en allant plus loin on peut dire que ce que nous faisons est la cause de ce que nous avons fait, que nos actes déterminent nos actes ; pour ne pas dire que dans leur aspect rébarbatif et douloureux nos actes sont les victimes de nos actes.
Je me permets ici une digression puisque cet extrait du Bouddha me fait penser à une des trois définitions qu'Aristote avait donnée de Dieu : Acte pur. (Les deux autres étaient Moteur immobile et Pensée de la pensée.) Bien sûr, lui ne l'entendait pas dans la même acception puisque pour lui l'acte était perfection ; dans le sens où il était aboutissement. D'abord il y a la promesse d'une chose qui devient cette chose dans l'acte. L'acte finit cette chose, la boucle. Donc Dieu n'est jamais une promesse, il est la boucle, il n'est que l'acte. L'acte pur. Le problème de l'être humain c'est qu'il n'est pas UN mais pluriel et en cela je trouve le rapprochement amusant. Dieu est Acte pur, l'humain est actes purs. Il est soumis à la loi de cause à effet, un acte amenant avec lui son lot de conséquences comme les pièces d'un jeu de dominos.
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Chaque jour durant la pause de midi, la possibilité nous est offerte de rencontrer l'enseignant en particulier. Il suffit pour cela de s'inscrire sur un tableau accroché au mur du réfectoire. Les premiers jours je me suis demandé si je voulais le faire. Mais je n'avais aucune idée de ce que j'aurais bien pu lui demander. Tromper la routine ? Je savais que mes possibles questions trouveraient leur réponse à la conférence du soir. De plus l'enseignant parlait exclusivement anglais et le mien, uniquement scolaire, me permet tout juste de draguer un peu en vacances.
Une chose qui m'agaçait et qui m'a toujours agacée en toutes circonstances c'est l'absurde menace de maux à venir. Là, c'était la pression qui transpirait à chaque conférence sur le fait de ne pas quitter le cours avant le terme des dix jours. La condition est d'ailleurs stipulée sur le formulaire d'inscription. Je veux bien admettre que pour un déroulement optimal du processus il soit préférable de vivre la démarche dans son intégralité mais pour moi cela restait de l'ordre de la préférence. Or de bien des discours émanaient des effluves de culpabilité du genre : il serait très préjudiciable voire dangereux pour tout apprenti méditant de raccourcir son séjour, de ne pas dépasser les premières difficultés, etc. Sans qu'aucun argument ne soit amené à ces sentences. Mon sang ne faisait qu'un tour et le procédé tout en me révoltant me rejetait dans les confessionnaux de mon enfance où le péché était toujours plus obsédant que son pardon.
De fait il était des apprenants dont la pratique paraissait provoquer de lourdes angoisses. A chaque fois leur nom figura sur le panneau des rendez-vous. (Ce qui peut-être aussi contribua à me dissuader de déposer le mien.) Il y en a un qui s'en alla le matin du quatrième jour. Les trois premiers jours semblaient déjà une torture. On le sentait complètement insécurisé, en proie à des fantômes personnels, égaré comme un enfant qui aurait perdu sa maman. Et au fil des jours, outre sa pâleur qui augmentait, son regard qui quémandait des points d'accroche, il paraissait régresser, ressemblait toujours davantage à un gosse vulnérable qu'à cet adulte déterminé qu'il présentait à son arrivée. Il est parti en tempête, valise à peine close et les yeux sur la pierre du sol. Cela m'avait attristé. J'imaginais bien que son niveau d'estime de soi flirtait avec le zéro. Il n'était sûrement pas venu pour partir après trois jours. Et à cet inévitable sentiment d'échec s'ajoutait encore la culpabilité, si ce n'est la peur, persiflée au détour des discours.
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