• Le matin du premier jour, je m'extirpai péniblement de mon duvet après une nuit où l'idée d'un réveil à 04h00 suffit à me garder à bonne distance d'un quelconque sommeil. Je remis la prévision d'une douche à de meilleures dispositions pour me traîner en somnambule jusqu'en salle de méditation. Nos places avaient été attribuées la veille ; les anciens méditants face à l'enseignant et les novices derrière eux. Je me calfeutrai sur le carré bleu de mon espace entre coussins et couvertures avec le brouillon espoir d'y créer un nid douillet.
    Si je m'en souviens bien, car cela fait déjà plus d'un an - mais ce dont je suis sûr pour les jours suivants - c'est que lors de cette première heure de méditation on nous passe l'enregistrement de chants de S.N. Goenka puis de 05h30 à 06h30 nous avons une heure de méditation libre. Jusqu'au petit déjeuner. Mais peut-être aussi que ce premier jour on nous prodigua un enseignement d'introduction à la méthode. Introduction qui dure trois jours avant la pratique de Vipassana lui-même.
    Quoi qu'il en soit celui-ci consistait à l'observation à chaque respiration des sensations provoquées par le passage de l'air à l'intérieur de nos narines sans se laisser distraire par aucune autre pensée. Evidemment, il ne suffit souvent même pas d'une minute pour que son esprit se mette à vagabonder. Au début on s'en rend compte très tôt et on tente de ramener son attention. Puis au fur et à mesure, sa concentration s'amollit et, en ce qui me concerne ce premier jour, non seulement ma concentration mais ma capacité à rester éveillé.


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  • Je découvre ma chambre. Elle comporte cinq lits et nous y serons quatre. Quatre hommes bien évidemment. Les femmes se trouvent dans une autre aile du centre.
    Une courte promenade dessine ses sentiers à l'extérieur, eux aussi séparés de ceux des femmes.
    Le repas du soir est excellent et d'une grande diversité. Ce sera ainsi durant tout le séjour. Ce service ainsi que toute la marche de la maison sont assurés par des bénévoles, des méditants en fait. De ceux qui ayant déjà participé à plusieurs cours ont la possibilité de s'inscrire en tant qu'auxiliaires.

    Je rencontre mes camarades de chambre dans le silence. J'ai bien tenté d'entamer quelque conversation mais la réception en fut si glaciale que je me suis rapidement replié dans ma bulle. Avant le coucher, on nous passe un enregistrement traduit de maître S.N. Goenka qui est à l'origine de la propagation de la technique Vipassana à travers la planète. Les règles du centre et le déroulement du cours nous y sont décrits. La voix du récitant est d'un mielleux comique. Le cliché même de l'illuminé, ou plutôt du méditant ; ce qui n'est pas pareil... Une espèce de mélopée polie et scolaire d'où toute expression exagérée est absente. Le ton est juste mais un peu plat.
    En tout cas il est donné. On n'est pas là pour rigoler mais une profonde "opération chirurgicale est sur le point d'avoir lieu."


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  • "Diamcoupe".
    C'est l'inscription qui figurait sur la camionnette qui me précédait sur la route du centre Vipassana de St-Imier. Et bien évidemment, quand on a décidé de s'enfermer 10 jours dans un lieu dont la seule chose que l'on sait c'est qu'on méditera, qu'on mangera végétarien, qu'on ne boira d'alcool ni ne fumera, on espère en une révolution profonde de notre être et de nos fonctionnements. On espère une compréhension neuve, un éclairage salutaire, la fin de ces répétitions dont on constate chaque retour avec le désappointement comme seule défense.

    Ainsi, quand on se doute bien que rien de très folichon ne nous attend - dans le sens où rien qui ne vienne d'ailleurs que de soi, que d'en soi (et que même en ce cas écrire n'est pas permis.) - une appellation comme "Diamcoupe" est du plus prometteur des augures. Et c'est tout rempli d'allégresse et d'espoir que j'ai franchi les portes du centre suisse.
    Du thé et quelques fruits nous attendaient au moment des inscriptions. Aux postures contrites des premiers présents, je me suis alors souvenu d'une dernière règle : éviter le contact, qu'il soit par le regard ou la parole. Ainsi tout est bel et bien dirigé vers l'application la plus optimale du principe Vipassana.
    Qui se traduirait pas "Vision pénétrante".
    Comme je le disais plus tôt, il s'agira de se couper de l'extérieur pour pénétrer son intérieur, puisque finalement, si l'extérieur nous est accessible c'est par le biais de notre intérieur. Et nous ne pouvons y échapper. Toutes nos expériences passent d'abord par nous, par notre filtre. Ainsi si nous ne nous connaissons pas nous ne pouvons connaître la réalité.
    Ce qui est d'une imparable logique.
    Mais comment se connaître ? Vipassana semble pouvoir en apporter une méthode, libre de tout dogme et de toute autre pratique religieuse. Un méthode simple et infaillible.
    Et c'est pourquoi je suis là. ./.


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