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Par libou1 le 5 Février 2010 à 18:41
Et c'est sur ce phénomène insupportable d'anarchie de la volonté que se base la leçon du jour (cf ici articles précédents).
Que sait-on de soi ?
Il y a ces choses du corps que l'on contrôle et aussi toutes ces autres qui se font malgré soi. Certaines heureuses comme le fait de respirer ou les fonctions des organes internes et d'autres moins comme ces douleurs de source inconnue ou quelconques dysfonctions.
Que sait-on encore de la matière qui nous constitue ?
Plus ultimement, tous nos systèmes sont formés de cellules spécifiques. Elles-mêmes sont formées d'atomes qui eux-mêmes sont formés de protons, d'électrons, de neutrons. Qui eux-mêmes sont formés d'espace vide et de particules subatomiques. Qui elles-mêmes sont à la frontière de la matière puisqu'elles n'ont plus de réalité solide. Elles apparaissent et disparaissent continuellement, créant une sorte de vibration. On peut scientifiquement observer ce phénomène grâce à une "chambre à bulle". On découvrit ainsi que ces particules mouraient et naissaient 1022 fois par seconde.Sans "chambre à bulle" le Bouddha fit l'expérience de ceci. Je doute qu'il s'amusa à dénombrer les apparitions et disparitions mais il en eut la prescience. Et ceci est très important pour la suite car il en va de même pour notre esprit. Tout apparaît et disparaît avec la même fulgurance et nous ne l'appréhendons pas davantage que pour la matière. On pense connaître son esprit et on ne peut s'empêcher de penser à tout va.
De son expérience, le Bouddha définit ainsi le fonctionnement de l'esprit : Premièrement quelque chose nous apparaît, nous touche. Deuxièmement il y a identification de cette chose qui aboutit troisièmement à l'évaluation de cette chose ; son classement selon qu'elle est agréable ou non. Et en dernier lieu apparaît le désir soit de prolonger la sensation, soit de l'interrompre.
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Par libou1 le 24 Janvier 2010 à 18:44
Les séances de méditation reprennent à 13h30 par une heure et demie de méditation libre. - Par méditation libre j'entends le fait qu'elle peut se pratiquer soit en chambre soit en salle. - Puis de 14h30 à 15h30 se déroule à nouveau une méditation de groupe où tout le monde est tenu d'être présent. De 15h30 à 17h00 s'ensuit une méditation libre avec en début de plage un espace dédié aux auditions des étudiants. L'enseignant nous convie en face de lui pour savoir où nous en sommes dans la pratique ou si nous avons des questions éventuelles. Grand moment de solitude. Vous raconterai. Enfin à 17h00 c'est l'heure du thé. Juste avant la dernière ligne droite, la dernière méditation de groupe de 18h00 à 19h00, à laquelle succède la conférence jusqu'à 20h15. On s'assied encore ensemble pour une dernière et courte méditation censée nous ouvrir une nuit douce et agréable.
Ce deuxième jour la consigne était très semblable à celle du premier jour. La zone sur laquelle devait se fixer notre attention était juste un peu réduite et se limitait au triangle du nez et des lèvres supérieures contre lesquelles bute notre expiration. Juste observer les sensations de cette zone. Par bonheur et Dieu sait quel miracle - puisque j'avais encore moins dormi que la veille - mes coups de pompe furent plus espacés. Par contre, ne pas penser était toujours aussi rude. Pire ! J'avais l'impression d'être pleinement inspiré. Dix-huit idées à la seconde. Quantité d'aphorismes implacables. Et le regret de ne pouvoir les noter, la volonté de les retenir.
Bien évidemment je n'en ai gardé aucun. Ils se dissipaient au fur et à mesure qu'en arrivaient d'autres.En tout cas méditer est un effort intense ; on recherche le silence au milieu du bruit et c'est éreintant. Surtout qu'après addition cela représente onze heures. Onze heures de méditation par jour.
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Par libou1 le 23 Janvier 2010 à 20:12
La nuit fut à peu près équivalente à la précédente. J'avais passé la journée à la rêver et quand enfin j'y fus, impossible de rêver. J'ai épuisé toutes les positions, tous les immobilismes, me suis levé, ai erré... Rien à faire. Je ne parvenais pas à dormir. Un feu intérieur me consumait, mes humeurs bouillonnaient. Je me noyais dans un flot d'idées, de pensées puis la colère de ne pouvoir récupérer, de voir s'ébaucher une journée tout aussi laborieuse que la première. C'était rageant.
Quand le gong résonna, je n'avais probablement profité que d'une petite heure de sommeil. Et c'est le dépit ardent que je gagnai la salle de méditation.
Il était 04h30. Le réveil avait sonné une demi-heure plus tôt. Cette première séance, avec durant la première heure un enregistrement des chants de S.N. Goenka, nous conduit au petit déjeuner deux heures plus tard. Chaque jour et indéfectiblement le temps accordé à celui-ci est d'une heure trente mais comprend un espace de repos ou de promenade. Un temps libre. Ce deuxième jour j'ai pu dormir quelques minutes. Puis de 08h00 à 09h00 nous reprenons par une méditation de groupe. C'est lors de cette heure que de nouvelles indications sont apportées à la pratique. Ensuite nous enchaînons avec deux heures de méditation libre jusqu'à 11h00. De 11h00 à 12h00 le repas est servi puis jusqu'à 13h00 nous avons à nouveau une heure de pause. C'est en général ici que je prenais ma douche. Heure durant laquelle une possibilité nous est offerte de rencontrer l'enseignant en privé.
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Par libou1 le 11 Janvier 2010 à 00:52
Enfin le terme de cette infinissable journée se laissa entrevoir dans un lointain accessible. Je pourrai bientôt enfin dormir, m'abandonner, récupérer pour de vrai. Car il est hors de question de vivre une deuxième journée identique. Je veux que mon "opération chirurgicale" fonctionne et j'ai l'impression d'avoir gaspillé ma première journée.
C'est l'heure de la conférence. Le moment de retrouver cette voix de prédicateur anesthésié. Et ce fut un grand moment, un moment fou où presque tous les phénomènes vécus durant la journée étaient exprimés avec une précision d'apothicaire. La difficulté à rester concentré, le constant afflux de pensées aussi logiques que farfelues et les attaques de paupières. Tout y était décrit comme si j'avais vécu là, dans un conformisme attendu, ce qui se produit indifféremment des âges et des individus, des lieux et des sociétés. Ces efforts que je voulais garder secrets non seulement étaient connus mais en plus prévus. Seulement il ne fallait pas céder. Si un seul dormait tout le centre risquait - par le relâchement que cela pouvait induire - de dormir aussi.
Sinon on nous parla des origines de la méthode Vipassana. Elle date de vingt-cinq siècles et a été initiée par Siddharta Gotama dit l'Eveillé : Le Bouddha. Dès qu'il a atteint la libération, il a consacré sa vie à transmettre son expérience qu'il appela la voie du Dhamma, de la loi de la nature. Fruit de sa recherche sur la souffrance et le moyen de l'éradiquer.
Il apparaît que la loi de la nature est personnelle, son expression est propre à chacun et est liée au vécu intime de chaque individu. Par contre son moyen d'accès est universel. L'introspection nous permet de prendre conscience et d'observer nos fonctionnements, nos conditionnements, nos réflexes émotionnels, les systèmes que nous avons inconsciemment appris à mettre en place pour paradoxalement éviter la souffrance. En la voyant, nous apprenons à les déconnecter, à les laisser se dissoudre. Nous apprenons à nous détendre et à voir les choses telles qu'elles sont.
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Par libou1 le 21 Décembre 2009 à 14:21
Toute cette journée fut une lutte perpétuelle pour ne pas sombrer. Une quasi nuit blanche passée à me tourner et retourner me poursuivait avec son ticket de caisse. Apparemment je n'étais pas le seul. Quand je versais en salle de méditation, je me rendais en chambre puis inversément. Et nous étions trois sur quatre à effectuer ces allers et venues. Puis je me suis carrément laissé aller quand j'ai entendu le ronflement d'un de mes compagnons de galère. Bref, je ne conserve de cette première journée qu'un sentiment de combat pour l'éveil et ô frustration, non pas pour cet éveil que j'escomptais au départ.
Une journée à attendre le moment de pouvoir enfin me coucher. De plus, comme je pensais que ça serait un bon séjour de récupération, je ne m'étais pas vraiment reposé avant de l'entreprendre. Erreur ! Et le plus absurde c'est que lors des courtes plages de repos qui ponctuent une journée, je n'ai jamais réussi à m'endormir.
Ces plages font suite aux repas. Et puisqu'on y est, avouons qu'ils sont pure merveille. De par leur variété et leur excellence et de par les ruptures qu'ils occasionnent. Le petit déjeuner est copieux : fruits secs, produits laitiers et céréales. Le repas de midi est composé d'un plat végétarien chaud alors que celui du soir n'est constitué que d'un fruit et d'une boisson.
Les premiers jours je n'avais pas faim. Mon corps était trop occupé à avoir sommeil et il fallait sans doute un temps d'acclimatation à ce nouveau rythme. Par contre plus tard bruits et odeurs de repas ne laissent pas indifférent - et si je veux être honnête - à parts égales pour les deux raisons citées plus haut ; la faim et la lassitude.
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