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Par libou1 le 9 Avril 2007 à 15:55
La taupe que j'ai appris que ça voulait dire. Il est vrai que j'aurais pu y penser. J'ai une imagination toujours trop brouillée quant il s'agit de langue étrangère. Tout dans ma tête se contracte et se complique. Si je m'étais posé la question je pense que j'aurais d'abord conclu à un truc du type rhododendron ou gnou tiens. El topo et gnou m'aurait paru facilement assimilable. Ben non el topo c'est donc la taupe.
Conte mystico philosophique du maître à penser Jodo. Non non je n'exagère pas. Me suis régalé en dévorant sa danse de la réalité. Sorte d'autobiographie pratiquant allègrement le mensonge sacré. Sa liberté me séduit quel que soit le vecteur qu'il choisisse. Comment ne pas fondre devant la saga de l'Incal ? Tous ses scénarios bd ne sont pas aussi aboutis mais qui pourrait lui jeter même un caillou ? Avec la multitude des centres d'intérêt dans lesquels il jette sa pierre : tarot, cinéma, bd, écriture romano-poétique, théâtre, psychomagie, mystique... Il y a tant de personnes qui n'ayant sélectionné qu'un des multiples cités ne parviennent même pas à une onde de son invention. De plus à croire que ça ne l'intéresse pas. En tout cas que le résultat n'est pas l'important. Il fait ce qu'il a à faire le moment venu : La vie n'est pas ce qu'on fait mais ce qu'on est. Mais à partir du moment où on sait ce qu'on est faut faire. Et ce qu'on est faut le laisser évoluer au gré de ce qu'on fait. Ne rien retenir. Rester ouvert tout le temps. Vaste programme. Mais merveilleux non ?
El topo donc. Ca doit déjà faire quelques semaines que je l'ai vu. Mais ne savais pas comment en parler. Que dire d'un scénario aussi libre, aussi métaphorique sinon que c'est une métaphore remarquable de liberté ? Une métaphore de la quête de soi. Qui s'égare dans celle du pouvoir acquis par lutte, compétition et comparaison (amusant durant cette période d'élection) pour trouver son chemin dans l'annulation de soi au service de l'amour inconditionnel. Enfin pas tout à fait inconditionnel, sans quoi le carnage final n'aurait pas eu lieu. Mais il illustre un combat bien illusoire en ce bas monde où la lutte, la compétition et la comparaison s'érigent en valeurs absolues. Voilà pour ma conception de l'intrigue. On pourrait y voir à première vue les scénarios bateau de la plupart des navets américains actuels opposant dans un manichéisme affolant les bons et les mauvais. La nuance d'el topo est plus porteuse. Le héros est plus complexe. Comme annoncé en introduction la taupe vit dans des tunnels et cherche une lumière qui la tuerait. Comme tous ces noctuelles que nous sommes, à brûler nos ailes autour de lumières artificielles. Et surtout il y a la manière ! Entre le hapening et l'écriture psychédélique, chaque plan est une énigme en soi. On y trouve toute la folie du théâtre panique dont Jodo est également un des initiateurs.
El topo est le long métrage qui a inauguré le cinéma de minuit dans les années 70. Il ne pouvait bénéficier du succès qu'il a connu que dans un cadre de ce type. Dans un réseau de projection normal, je ne pense pas qu'il aurait pu dépasser les frontières du Mexique où il a été tourné.
Bref, ce film est un ovni qu'il faut voir. Mais je ne saurais trop vous conseiller tout ce qui touche au personnage. Y a de quoi manger.
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Par libou1 le 20 Mars 2007 à 14:51
Ça faisait bon temps que n'avais plus pu me débloquer de soirée cinéma. Vitus, film suisse était la bonne occas pour renouer avec le principe. Rien de tel qu'un peu de patriotisme pour se rassurer dans les grands moments de solitude.
L'histoire est plaisante. Ça verse parfois dans le sentimentalisme graisseux mais heureusement sans excès. Étant donné la thématique on aurait pu faire bien pire. Le scénario accroche tout du long et nous réserve son lot de revirements inattendus. C'est bien interprété dans son ensemble. J'ai eu parfois de la peine avec le Vitus pré pubère mais ai pu m'en accommoder sans trop de violence.
Par contre ai eu plus de difficulté à m'identifier au personnage de Vitus, à le trouver sympathique, à percevoir sa détresse. Ai constaté qu'il était plus délicat de se reconnaître en une figure humaine déshumanisée plutôt qu'en une figure non humaine humanisée. Je m'explique. Il y a grand nombre de films mettant en scène des monstres (la belle et la bête, le silence des agneaux, ou même spiderman tiens...) et il est plus évident d'appréhender quelqu'un par ses imperfections, ses failles, que par son côté lisse. Vitus souffre d'un trop de perfection, immensément doué, profondément bon... et, comme le film le mentionne explicitement, c'est cet excès qui rend sa présence en ce monde "imparfait" rugueuse et difficile. (Jusqu'au moment où il l'utilise à son avantage.) C'est là que le bât blesse, pour moi ce gosse manque de ce relief, de cette épaisseur qui puisse rendre un personnage attachant. Il était trop d'une pièce. Je crois que nous sommes faits de nos contradictions, de cette dualité qui se mesure et s'oppose en permanence. Et finalement c'est ça qui nous rend humain.
Peut-être que ça ne tenait que de la qualité de l'interprétation mais je ne pense pas. Il doit y avoir une conjugaison entre le jeu et l'écriture. C'est vrai qu'il y a des acteurs qui ouvrent des univers rien qu'en étant là et je pense que ceux-là peuvent se dégager de n'importe quelle écriture et sauver le pire des scénarios. On en a l'exemple dans ce même film avec Bruno Ganz. Il ouvre des mondes, il te file droit où ça touche seulement par la qualité de sa simplicité et de son humilité. Il nous donne qui il est. Et vrai : ça suffit. Moi, il ne me faut rien de plus.
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