• Le bonheur c'est le chemin. Dixit le dalaï lama
    Le bonheur c'est une disposition de l'esprit.
    Pourtant j'en ai croisé des gens qui malgré tous leurs efforts ne parvenaient pas même à le toucher. Avec le sentiment de culpabilité de ne pas y arriver alors qu'à ce qu'on dit il suffirait de...

    Et Dieu sait si ils n'en pouvaient plus de leur galère. Pourtant impossible d'actionner le loquet de cette fichue porte de salut... Personne ne leur a donné de mode d'emploi à l'école des bonnes notes.

    Il n'y a pas de chemin qui mène au bonheur. C'est juste. Le chemin c'est le bonheur. C'est juste. Mais la constance de l'humeur n'est pas humaine.

    Pour être plus juste il faudrait redéfinir le bonheur. Le bonheur ce n'est pas être heureux. Ou en tout cas pas seulement être heureux. le bonheur se trouve dans toutes les facettes de la vie. Y compris les plus laides. Et il y en a de ces côtés sombres. Plus sombres que le plus opaque des trous du cul. Aussi noirs qu'un homme qui se fait égorger pour avoir eu le malheur d'être le chauffeur d'un journaliste impur. Aussi noirs qu'une gamine qu'on viole et qu'on tue. Aussi noirs qu'une jeunesse qui s'emmerde. Aussi noirs qu'un gosse qui meurt de faim à chacun de nos clignements d'yeux. Aussi noirs qu'une enflure qui se tape un salaire officiel de 72'000 balles chacun des jours que compte une année.

    Le bonheur c'est autant le rire d'un enfant, un succès remporté, un amour partagé que tout le reste.

    Ainsi le bonheur serait l'acceptation ; le détachement absolu. Aux résultats comme à la vie. Juste se contenter de l'aimer sans rien en attendre. Et là je suis désolé mais rien dans notre société ne nous aide à acquérir cette sagesse-là. Le détachement n'est pas vendeur. Ce qui est vendeur c'est l'idée d'un bonheur qui soit quantifiable. Même le sexe on l'a quantifié. Et il faut trouver sa place là-dedans, entre les beaux discours et le mercantilisme. Tenir en fragile équilibre entre ses hauts et ses bas. Entre ces aspects du Bonheur. Le bien et le mal n'existent pas. Seul le Bonheur et sa perfection existent. Même si l'idée qu'on peut s'en faire est déjà son obstacle.

     


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  • Après de farouches combats où de mon siège de cinéma j'étais terré dans les entrailles de ma maman la terre me voilà éclore en plein printemps. Et quel printemps ! Estival le printemps ! Pas l'ombre d'un nuage. Ce n'est pas à la St-Sylvestre qu'il faudrait prendre les résolutions pour l'année à venir mais à Pâques. Tout paraît possible à Pâques. Une simple fleur et c'est les poumons ouverture. Un larvage au soleil et c'est l'essorage des idées noires.

    Seulement faut se méfier des trop soudaines explosions d'optimisme. C'est là que question résolutions on vise en un seul coup les 432 étapes qu'on estime nécessaires à un mieux être. Ce qui irrémédiablement au bout de trois jours ne nous laissera qu'un farouche sentiment d'inachevé doublé d'une frustration castratrice. C'est quand même étrange que quand on va mieux (chose qu'on peut parfois attendre longtemps) on a justement le désir d'aller encore mieux. On ne sait se contenter d'aller bien. Faut toujours mieux mieux mieux. Alors qu'en se laissant vivre on va bien finalement. Eh oui, les philosophies et la mélancolie sont issues de la brume et des ciels de plomb. Sauf avec Pessoa qui confirme la règle. Il en faut toujours un. Même si je pense qu'aujourd'hui le spleen se soit mondialisé. Nous sommes de la génération de l'ennui. Sans lui pas de mode. Pas de Paris Hilton. Pas cette jolie société dans laquelle nous sommes si bien et qui repose sur l'ennui.

    Bref, pour dire "ne nous excitons pas". Savourons le bien d'aujourd'hui. Le mieux se nourrira de cet agréable présent pour se mettre en place de lui-même.

    Allez tchao ! Je vais bronzer.


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  •  Y a pas très longtemps mais quand même avant que je sois né et pas très loin d'où je suis né, des gens, pourtant pas plus mal intentionnés que moi à l'instant où je tapote ces quelques mots, se sont cognés dessus très fort et souvent jusqu'à ce que mort s'ensuive. L'épisode relaté dans le film de l'ami Clint ne s'est pas tout à fait déroulé à deux pas mais à l'heure du village global où tout le monde est chez soi partout (plus de quête territoriale, plus de pétrole, plus d'armes de destruction massive, plus d'inégalité de fortune, plus de propriété, plus de faim, plus de comparaison, plus de compétition...) et où plus personne n'est assez fou pour s'abîmer la tronche à coups de bombes ou autres objets dangereux ça ne fait aucune différence non ?

    C'est sympa ces films de guerre qui rappellent comme ça à nos petites fesses engoncées dans des fauteuils moelleux qu'un jour les gens ne s'entendaient pas toujours tout le temps sur des sujets bénins qui la plupart du temps échappaient d'ailleurs à la majorité des acteurs de ces franches joutes guerrières. Ah ! ça devait être haletant de savoir qu'on allait mourir tout soudain, frappé par quelque facétieux congénère connu ni d'Eve ni d'Adam. On devait se sentir vivants à l'époque où de telles opportunités étaient encore proposées. Ces montées d'adrénaline tout pour rien. 

    Aujourd'hui, il nous reste le cinéma.

    Bon c'est vrai que des fois au bout de deux heures un inconfort peut saisir nos articulations. C'est vrai qu'il est pénible de retenir un pet dans une salle comble et que les contorsions auxquelles on se voit contraint pour le laisser filer en toute discrétion tiennent des plus subtils camouflages guerriers. C'est vrai aussi qu'une quinte de toux rend tangible le fait que les velléités belliqueuses de l'être humain ne sont pas si profondément ensevelies que ça.

    Reste que, malgré ce que peut laisser planer mon humour douteux, le film est magnifique. Rien à dire. Pas de généralisations. Que des êtres humains. Du Clint de grand talent qui a mené tout ça avec intelligence et savoir faire. La fameuse musique redondante usée avec parcimonie. L'absurdité de cette entreprise de feu et de sang démontrée avec finesse et humanité. Sauf peut-être les flash-back. Les ai trouvés un peu démagos les flash-back. Et y avait sûrement des tas d'autres trucs démagos mais comme suis dans de fragiles dispositions émotionnelles suis très indulgent.

    Ai préféré cet opus du diptyque au premier qui m'avait un peu agacé et dont j'ai pris l'image clé. Conclus amusé d'avoir parlé hier d'el topo pour en trouver le soir même l'illustration. Ces taupes enfermées dans leurs galeries mourant dès leur apparition aux feux du jour. 


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  • La taupe que j'ai appris que ça voulait dire. Il est vrai que j'aurais pu y penser. J'ai une imagination toujours trop brouillée quant il s'agit de langue étrangère. Tout dans ma tête se contracte et se complique. Si je m'étais posé la question je pense que j'aurais d'abord conclu à un truc du type rhododendron ou gnou tiens. El topo et gnou m'aurait paru facilement assimilable. Ben non el topo c'est donc la taupe.

    Conte mystico philosophique du maître à penser Jodo. Non non je n'exagère pas. Me suis régalé en dévorant sa danse de la réalité. Sorte d'autobiographie pratiquant allègrement le mensonge sacré. Sa liberté me séduit quel que soit le vecteur qu'il choisisse. Comment ne pas fondre devant la saga de l'Incal ? Tous ses scénarios bd ne sont pas aussi aboutis mais qui pourrait lui jeter même un caillou ? Avec la multitude des centres d'intérêt dans lesquels il jette sa pierre : tarot, cinéma, bd, écriture romano-poétique, théâtre, psychomagie, mystique... Il y a tant de personnes qui n'ayant sélectionné qu'un des multiples cités ne parviennent même pas à une onde de son invention. De plus à croire que ça ne l'intéresse pas. En tout cas que le résultat n'est pas l'important. Il fait ce qu'il a à faire le moment venu : La vie n'est pas ce qu'on fait mais ce qu'on est. Mais à partir du moment où on sait ce qu'on est faut faire. Et ce qu'on est faut le laisser évoluer au gré de ce qu'on fait. Ne rien retenir. Rester ouvert tout le temps. Vaste programme. Mais merveilleux non ?

    El topo donc. Ca doit déjà faire quelques semaines que je l'ai vu. Mais ne savais pas comment en parler. Que dire d'un scénario aussi libre, aussi métaphorique sinon que c'est une métaphore remarquable de liberté ? Une métaphore de la quête de soi. Qui s'égare dans celle du pouvoir acquis par lutte, compétition et comparaison (amusant durant cette période d'élection) pour trouver son chemin dans l'annulation de soi au service de l'amour inconditionnel. Enfin pas tout à fait inconditionnel, sans quoi le carnage final n'aurait pas eu lieu. Mais il illustre un combat bien illusoire en ce bas monde où la lutte, la compétition et la comparaison s'érigent en valeurs absolues. Voilà pour ma conception de l'intrigue. On pourrait y voir à première vue les scénarios bateau de la plupart des navets américains actuels opposant dans un manichéisme affolant les bons et les mauvais. La nuance d'el topo est plus porteuse. Le héros est plus complexe. Comme annoncé en introduction la taupe vit dans des tunnels et cherche une lumière qui la tuerait. Comme tous ces noctuelles que nous sommes, à brûler nos ailes autour de lumières artificielles. Et surtout il y a la manière ! Entre le hapening et l'écriture psychédélique, chaque plan est une énigme en soi. On y trouve toute la folie du théâtre panique dont Jodo est également un des initiateurs.

    El topo est le long métrage qui a inauguré le cinéma de minuit dans les années 70. Il ne pouvait bénéficier du succès qu'il a connu que dans un cadre de ce type. Dans un réseau de projection normal, je ne pense pas qu'il aurait pu dépasser les frontières du Mexique où il a été tourné.

    Bref, ce film est un ovni qu'il faut voir. Mais je ne saurais trop vous conseiller tout ce qui touche au personnage. Y a de quoi manger.


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  • Ca sera jusqu'à la fin du mois à la laiterie du Bourg à Martigny-Bourg. Pièce d'Arthur Miller. Davantage connu en Europe pour avoir épousé Marilyn Monroe que pour ses activités dramaturgiques. A ne pas confondre avec l'Henri Miller des Sexus & Co. Pourtant c'était une star au pays des stars. Ses pièces sont majoritairement des drames comme celle dont je vais parler. Jouée par la troupe Atmosphère. Troupe amateure de bonne facture. Enfin c'est ce qu'on dit. De toute façon je ne suis pas objectif. Avec elle, j'ai mis en scène "Minuit chrétien" de Tilly l'an passé et avais bien failli mettre en scène l'Arthur Miller. ça ne s'est pas fait faute d'une distribution adéquate. Ce qui m'avait valu maints ennuis. Ai donc été satisfait de constater que sur la question les principes de leur metteu étaient similaires.

    La pièce est bien. Avais eu du plaisir à la lire. Toute une série d'images s'étaient spontanément présentées quant à une éventuelle mise en scène. Inutile de dire (mais remarquez que je le dis quand même) que je ne les ai pas retrouvées hier soir. Ce qui souligne une fois de plus à quel point je ne suis pas objectif. Mais ça n'a rien a voir avec le fait que je me sois ennuyé. Car je me suis ennuyé.

    Ils ont sélectionné le quadrifrontal. L'espace de jeu étant une espèce de ring représentant un jardin semi dévasté. L'effet est beau et le travail des décorateurs bien réalisé. Toute la salle a été recouverte de taps noirs, ce qui ajoute une certaine neutralité oppressante. Seulement, je n'ai pas trouvé le quadrifrontal très bien assumé. Je ne pense pas que ça soit de la faute des acteurs. Le style d'écriture ne se prête pas à un jeu très mobile et le quadrifrontal l'exigerait plutôt. En y resongeant aujourd'hui j'ai surtout l'image de dos qui me reviennent. Tous ces dos n'ont pas aidé au rythme général de la pièce qui dès les premières minutes ne m'a pas paru approprié. Ils ont respecté le précepte de Yoshi Oïda qui consiste à produire des accélérations à partir d'un commencement plutôt lent puis d'osciller de la sorte sur toute la durée de la pièce. Malheureusement les rythmes lents demandent un surplus d'intensité sans quoi les creux sont... creux.

    Ce qui par dessus tout m'a paru insupportable c'est l'usage des musiques. Déjà au cinéma dès qu'on utilise ce procédé pour souligner l'émotion qu'on espère susciter ça ne parvient chez moi qu'à provoquer une espèce de colère sombre. Me sens infantilisé. (Et ces temps suis plutôt sensible sur la question, se retrouver à 34 ans chez sa mère est déjà une régression qui se passe de toute musique.) Bien sûr quelques fois ces musiques étaient pertinentes, aérant un texte somme toute dense. Mais ai eu l'impression que plus on avançait plus il y avait de musiques. C'était assez pénible. Sinon je n'ai pas envie de parler des acteurs. Le fait qu'ils soient dilletantes ne me le permet pas. Je dirais donc qu'ils étaient bien étant donné les difficultés de leur partition. (Et je le pense.) J'ai bien vu le travail effectué. Et il est de taille. Quand les tensions superflues souvent dues aux premières auront disparu, leurs prestations seront tout à fait respectables.

    Quelques mots sur les enjeux principaux. L'intrigue sera à découvrir sur place pour ceux qui le désirent. (Ils accueillent tout le monde. Choisissez quand même vos places sur les longueurs. Ca doit être un peu meilleur.) Donc les enjeux. C'est quand même de la belle grosse machine américaine : les valeurs morales face à la valeur monétaire dans une espèce de patriotisme exacerbé. Cette responsabilité de maître de la grande école du monde que se sont donné les américains était déjà présente à l'époque. La souffrance d'une mère par rapport à la perte d'un fils. La justice. Les responsabilités... Non je le redis c'est une belle pièce remarquablement écrite et j'espère que les critiques assez rudes qui ont précédé ne vous dissuaderont pas de vous en faire votre propre idée. De toute façon, comme je l'ai dit mon oeil est sans doute plus exigeant. D'une part à cause mon métier de comédien et d'autre part par ce passé partagé qui réduit quelque peu mon objectivité.


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