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Lettre d'Iwo Jima de Clint Eastwood
Y a pas très longtemps mais quand même avant que je sois né et pas très loin d'où je suis né, des gens, pourtant pas plus mal intentionnés que moi à l'instant où je tapote ces quelques mots, se sont cognés dessus très fort et souvent jusqu'à ce que mort s'ensuive. L'épisode relaté dans le film de l'ami Clint ne s'est pas tout à fait déroulé à deux pas mais à l'heure du village global où tout le monde est chez soi partout (plus de quête territoriale, plus de pétrole, plus d'armes de destruction massive, plus d'inégalité de fortune, plus de propriété, plus de faim, plus de comparaison, plus de compétition...) et où plus personne n'est assez fou pour s'abîmer la tronche à coups de bombes ou autres objets dangereux ça ne fait aucune différence non ?
C'est sympa ces films de guerre qui rappellent comme ça à nos petites fesses engoncées dans des fauteuils moelleux qu'un jour les gens ne s'entendaient pas toujours tout le temps sur des sujets bénins qui la plupart du temps échappaient d'ailleurs à la majorité des acteurs de ces franches joutes guerrières. Ah ! ça devait être haletant de savoir qu'on allait mourir tout soudain, frappé par quelque facétieux congénère connu ni d'Eve ni d'Adam. On devait se sentir vivants à l'époque où de telles opportunités étaient encore proposées. Ces montées d'adrénaline tout pour rien.
Aujourd'hui, il nous reste le cinéma.
Bon c'est vrai que des fois au bout de deux heures un inconfort peut saisir nos articulations. C'est vrai qu'il est pénible de retenir un pet dans une salle comble et que les contorsions auxquelles on se voit contraint pour le laisser filer en toute discrétion tiennent des plus subtils camouflages guerriers. C'est vrai aussi qu'une quinte de toux rend tangible le fait que les velléités belliqueuses de l'être humain ne sont pas si profondément ensevelies que ça.
Reste que, malgré ce que peut laisser planer mon humour douteux, le film est magnifique. Rien à dire. Pas de généralisations. Que des êtres humains. Du Clint de grand talent qui a mené tout ça avec intelligence et savoir faire. La fameuse musique redondante usée avec parcimonie. L'absurdité de cette entreprise de feu et de sang démontrée avec finesse et humanité. Sauf peut-être les flash-back. Les ai trouvés un peu démagos les flash-back. Et y avait sûrement des tas d'autres trucs démagos mais comme suis dans de fragiles dispositions émotionnelles suis très indulgent.
Ai préféré cet opus du diptyque au premier qui m'avait un peu agacé et dont j'ai pris l'image clé. Conclus amusé d'avoir parlé hier d'el topo pour en trouver le soir même l'illustration. Ces taupes enfermées dans leurs galeries mourant dès leur apparition aux feux du jour.
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Commentaires
Que c'est drôle et émouvant ! Tu devrais vraiment écrire un livre ! J'aurais bien aimé te voir sur ton fauteuil ;-)