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Quand la voix claire a résonné dans ce couloir qui n'a pas de fin
le poète a ouvert lentement les paupières et il a vu - oh il a vu tant pis si vous ne le croyez pas ! ...
il a vu la femme originelle enfanter le soleil de sa bouche
la tempête se lever entre ses cuisses ouvertes sur un horizon sans limites.
Le blé coulait devenait lui-même paysage.
Le paysage s'écartait devant la femme
qui s'avançait vers un arbre solitaire.
L'arbre et la femme s'aimèrent.
La maison entière prit feu.
La femme ensemencée roula sur le sol aride
où le poète sans esprit l'aima à son tour.Vital Bender
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Je ne m'attendais pas à ça. Je ne m'attendais à rien de surprenant d'ailleurs. Sans jamais avoir été tenté de le lire, j'avais classé Giono dans les écrivains populaires. Et peut-être l'est-il. Mais alors avec classe. Tout ce livre est poésie. Tant dans la forme que dans son cadre. C'est un livre frontière. On passe dans un univers qui paraît réel ou envisageable comme tel à des espaces improbables, comme nappés de vapeurs à la fois étranges et sensuelles. Il s'en dégage une atmosphère tant romantique que libidineuse mais d'un sanguin davantage sous-jacent que directement exprimé. Les personnages sont corps et force brute. Ils sont vie et Giono les lance dans son histoire et regarde comment ces muscles réagissent, la part qui échappe à leur raison, celle qui suit leur vérité peut-être essentielle, en dépit des conséquences qui pourtant sont rarement la facilité, mais qu'on assume comme une fatalité nécessaire.
J'y ai aussi pu lire l'opposition entre l'inné et l'acquis même si l'acquis n'est pas celui induit par l'homme mais celui que les éléments naturels ont modelé chez le héros principal, en l'occurrence pour lui : le fleuve et l'eau. Alors que le Rouquin représenterait le feu par excellence, mais celui qui brûle dans ses veines depuis sa naissance. La nature n'a pas encore pu y imprimer sa tempérance.
Le titre, s'il demeure énigmatique quant aux faits me semble confronter dans le déroulement du roman ceux qui entendent le chant du monde et ceux qui tentent de lui imposer leur mélodie.
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De retour j'ai pu expérimenter une nouvelle fois la douche des glaciers et je comprends qu'avec une eau si froide une seule lettre sépare ablution d'ablation. Mais la pratique était indispensable car je venais d'offrir à la nature mon premier caca qui d'un beau brun vira instantanément au noir tant le festin comptait d'invités.
A l'instant où j'écris, je suis fasciné par le labeur de bergers éloignés qui tentent désespérément de rameuter leurs bêtes. Mission impossible. Ils les conduisent d'un côté, elle filent de l'autre. A peine rassemblées elles se scindent à nouveau. Un vrai bal clownesque que je savoure des premières loges de mon promontoire. Ça y est ils abandonnent.
Toujours de grandes difficultés à trouver le sommeil. Je ne m'épargne pourtant pas en journée. Et même là d'ailleurs, aucun coup de barre. Je pète la forme.
Le ciel aussi a pété sa rage. Puissantes rafales de vent toute la nuit pour exploser en orage peu avant l'aube.
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Je viens de comprendre que si on marche tôt en montagne c'est surtout parce qu'il n'y a rien d'autre à faire. Il fait trop froid.
C'est presqu'à la course que j'ai entamé ma course et comme toute la montée est dans l'ombre j'ai même eu peine à transpirer. Je voulais contourner le Rothorn et le prendre par l'arête nord depuis le glacier du Lämmer. Par endroits elle ne fait guère plus de cinq mètres de haut. Je les pensais aisément franchissables.
C'était sans tenir compte de la friabilité de la roche de ce côté-ci. La montagne tombe en miettes. Les quatre mille de la rive gauche du Rhône offrent une fierté stable. Les reliefs de la rive droite me font penser à la peau d'un vieil éléphant. Ce qui leur confère une beauté très étrange, presque lunaire ; enfin selon l'idée que je me fais de la lune.
Donc c'est bien mal pris que se trouva pris celui qui croyait prendre. Tout s'effritait. Et sous la roche, le glacier formait un joli toboggan d'une centaine de mètres. Il aurait amorti ma chute et j'aurais eu de la peine à en mourir mais je me serais sans aucun doute trouvé bien amoché. Et sans téléphone car je l'avais laissé sous tente pour être certain de le retrouver au moment du devoir filial (c'est pas vrai, je l'avais sur moi mais trouvais l'anecdote amusante).
L'avantage avec une roche friable c'est qu'on peut y tailler des marches. Ca prend du temps mais je peine à renoncer.
Le point de vue en valut la peine. Le plateau du Rothorn ouvre sur tout le glacier de la Plaine morte. Et comme par rapport aux classiques réputés, cette partie est très peu fréquentée j'y ai goûté en solitaire.
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La femme que j'aime a les seins plus doux qu'un jet incessant de pétales
vers le ciel d'automne cramoisi.
Nous sommes de ce temps-ci (et d'aucun autre) !!!
J'allume une cigarette en imaginant que ta soeur a des règles plus abondantes qu'un rayon
sur ses lèvres enfantines.
Qu'elle me montre son globe lumineux en retroussant sa lèvre.
Que nous nous aimons sur un tapis roulant.
Que le réchauffement de la planète
est dû à notre immunité et à notre insouciance.
La femme que j'aime a la douceur des roses blanches
leur tiédeur égratignée.
Ne me demandez pas s'il est possible
de survivre à cette intuition.
Et je ne sais plus si c'est toi l'unique l'ineffable ou si c'est une autre
si c'est à toi ou à elle ou au monde entier que je m'adresse
alors que je devrais déchirer cette page !
je ne sais plus m'émouvoir d'un rien
d'yeux clairs
d'yeux fraternels
qui se cherchent obstinément dans la réalité et peut-être aussi dans le rêve
quand le volcan s'est réveillé à l'intérieur du sang
que le corps entier n'est plus qu'une irrésistible secousse.
Oh ma soeur que j'ai abandonnée à des chimères sans issue
poursuis ta route avec au fond des yeux l'éclatement la scission
la désintégration permanente
et tu n'auras plus jamais froid !
Tu éclaireras ta propre nuit de tes fumigations diamantées.
Nous retrouverons-nous nous reconnaîtrons-nous un jour au bout tout au bout de cette route
au bout de cette comédie ?
Vois-tu
je ne m'accorde plus le temps
de me jeter sur un lit de feuilles
d'y mourir une heure
un instant
afin de renouer avec la saison qui fut tienne.
Soeur des ombres claires et des bleuissements
soeur des lunes en éventail sur la mer
soeur des orques et des récifs coralliens
soeur des reflets d'épouses dans les flaques d'eau
soeur des jardins en friche et des feux de broussailles
soeur des éclaboussures de nuit sur une nappe blanche
oh ma soeur clouée à ce tronc centenaire
qui n'a gardé que tes initiales
qu'une égratignure...Vital Bender
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