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Jour I (3)
Enfin le terme de cette infinissable journée se laissa entrevoir dans un lointain accessible. Je pourrai bientôt enfin dormir, m'abandonner, récupérer pour de vrai. Car il est hors de question de vivre une deuxième journée identique. Je veux que mon "opération chirurgicale" fonctionne et j'ai l'impression d'avoir gaspillé ma première journée.
C'est l'heure de la conférence. Le moment de retrouver cette voix de prédicateur anesthésié. Et ce fut un grand moment, un moment fou où presque tous les phénomènes vécus durant la journée étaient exprimés avec une précision d'apothicaire. La difficulté à rester concentré, le constant afflux de pensées aussi logiques que farfelues et les attaques de paupières. Tout y était décrit comme si j'avais vécu là, dans un conformisme attendu, ce qui se produit indifféremment des âges et des individus, des lieux et des sociétés. Ces efforts que je voulais garder secrets non seulement étaient connus mais en plus prévus. Seulement il ne fallait pas céder. Si un seul dormait tout le centre risquait - par le relâchement que cela pouvait induire - de dormir aussi.
Sinon on nous parla des origines de la méthode Vipassana. Elle date de vingt-cinq siècles et a été initiée par Siddharta Gotama dit l'Eveillé : Le Bouddha. Dès qu'il a atteint la libération, il a consacré sa vie à transmettre son expérience qu'il appela la voie du Dhamma, de la loi de la nature. Fruit de sa recherche sur la souffrance et le moyen de l'éradiquer.
Il apparaît que la loi de la nature est personnelle, son expression est propre à chacun et est liée au vécu intime de chaque individu. Par contre son moyen d'accès est universel. L'introspection nous permet de prendre conscience et d'observer nos fonctionnements, nos conditionnements, nos réflexes émotionnels, les systèmes que nous avons inconsciemment appris à mettre en place pour paradoxalement éviter la souffrance. En la voyant, nous apprenons à les déconnecter, à les laisser se dissoudre. Nous apprenons à nous détendre et à voir les choses telles qu'elles sont.
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Commentaires
ça semble prometteur. Il me plaît et me parle ce dernier paragraphe. Cela me fait aussi étrangement penser au discours de l'analyse transactionnelle, qui doit donc s'en être inspiré.