• Henry Bauchau : Oedipe sur la route

    Evidemment lire Oedipe sur la route quand on va jouer Oedipe n'est pas comme lire La guerre du feu à l'éclairage hallogène confortablement engoncé dans un fauteuil ergonomique au trente troisième étage d'un immeuble grand standing et chauffé. C'est plutôt une nourriture vitale et immédiate pour un lecteur concerné et affamé.
    Outre ce fait particulier qui fit de moi un individu spécialement impliqué (j'ai pu y puiser compréhensions et affirmations, combler des interstices vacants, ouvrir de nouvelles voies) ; outre le fait que c'est à fleur d'âme que je progressais, qu'en tant qu'acteur aborder un tel personnage est déjà en soi en parcours initiatique ; outre tout cela, il n'en demeure pas moins que l'initiation d'Oedipe dans Oedipe sur la route est une initiation large.
    Il a beau s'être crevé les yeux, avoir couché avec sa mère, trimballé un tel fardeau de culpabilité ; l'identification est inévitable. Car c'est de l'Homme dont parle Bauchau, de son combat, de sa quête de sens, de sa responsabilité, de son absolution, de son poids et de sa légèreté, des ses morts et de ses naissances. Il parle d'une lutte honnête et courageuse pour la conscience. Obstinée pour la conscience comme dernière mais absolue valeur.
    De fait cette exigence a été vécue par Bauchau lui-même. Il n'a pas accouché son bouquin en quelques minutes et sous péridurale. C'est un travail de plusieurs années. Même l'écriture n'en est pas fluide. On la sent âpre et hoquetante. Attention je ne prétends pas qu'il écrit mal mais le rythme des mots est heurté. Ce n'est pas une source qui s'écoule mais un tunnel qu'on fore. Avec son lot de racines et pierrailles. Sans pourtant qu'à aucun moment il ne nous perde.
    Mais un mythe qui a survécu à 2500 ans d'histoire ne se traverse pas comme une heure aux bains thermaux. Il faut cravacher.
    Et on en sort grandi.


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  • Commentaires

    1
    Régina
    Mercredi 22 Septembre 2010 à 00:44
    Oedipe ROI
    Bonsoir, Je crois que l'écriture âpre d'Oedipe sur la route n'est que le pendant évident de l'âpreté du chemin d'Oedipe. L'utilisation délibérée du présent est aussi étonnante. Cette forme verbale souligne l'accomplissement au sens initiatique du terme. Ainsi Oedipe et avec lui Antigone et Clios, accomplissent-ils quelque chose dans l'intervalle entre mondes du rêve et monde des symboles. C'est un livre d'une densité incroyable. Je suis heureuse d'être tombée, par hasard sur votre blog. Bonne soirée
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