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Tout ce bois mort pour rien
Tout ce bois mort pour rien.
La chaleur se vit dans les tripes.
J'ai l'abdomen fugace
et la langue de bois vert.
Déflagration !
Chapeau de travers.
La vie se mord la queue.
La vie...
J'éternue.
Un souffle attise le brasier.
C'est toute ma vie qui part en fumée.
La sonnerie du téléphone
retentit dans mon encéphale.
Je décroche celui-ci.
Cette voix à l'intérieur de mon crâne
qui me dit : change de vie change
de mort. Ou tue-toi !
Les arbres sont vivants.
Mutation ! mutation !
Qui me reconnaîtra ? qui ?
Les vers de terre sont vivants.
J'ai posé ma tête sur un guéridon.
Je la tourne dans tous les sens.
La lance en l'air.
La rattrape d'une main.
Puis l'autre.
Qui m'aimera encore ? qui ?
Je prends mon crâne à pleines mains
le secoue jusqu'à ce que les yeux en tombent.
Billes de verre.
Billes de feu.
Je suis aveugle.
La matière plastique est-elle vivante ?
Qui me comprendra encore ? qui ?
Je remets ma tête à sa place.
Elle s'ajuste mal.
Tant pis !
J'allume un grand feu
au milieu d'un couloir interne.
Une taupe survient.
La chaleur se vit sous la terre.
Je lui montre ma tête mal emboîtée.
Elle ne se soucie guère de ce qui apparaît en surface.
Sa conscience est ailleurs.
Ailleurs...
Elle fume une pipe d'écume rouge.
Me regarde fixement.
Je remarque qu'elle n'a pas de tête.
Deux petits trous de chaque côté du nombril.
Un autre trou dans la glotte
à l'intérieur duquel elle enfonce sa pipe.
Petite intrusion dans le monde des vivants...
Feu de bois.
Feu de tripes.
Feu !
Qui me surprendra encore ? qui ?
Des bulles d'air chaud courent le long de mon oesophage.
La vie est un bain de mémoire perpétuel.
Au secours ! au secours !
C'est ma raison qui flambe !
Mon passé tombe en ruine.
Je réintègre mon centre rouge.
Je suis vivant.Vital Bender
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