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Tenté en vain de remonter le temps
Tenté en vain de remonter le temps jusqu'à l'utérus originel
toi mon frère aux aguets dans les sous-bois sidéens
toi soeur du genre humain auréolée de feux de Saint-Elme.
Marché dans les rues désertes sans te reconnaître
entendu tinter tes larmes dans les yeux globuleux des vitrines
prononcé (toi !) du bout des lèvres le nom de quelqu'un qui ne m'était plus tout à fait étranger.
La brume se déchire. Un corps sans tronc - deux jambes surmontées d'un embryon de visage - remonte ces mêmes ruelles en rasant les murs.
Un frisson d'asthme court entre les feuilles d'hibiscus et de vigne vierge.
Il fait à peine jour et les écureuils se faufilent entre les pierres disjointes des habitations qui n'en finissent pas d'apparaître et de se dissoudre dans ce brouillard qui semble provenir de l'intérieur même de ces vieilles bâtisses (et de ces corps en extase.)
Un paralytique les yeux révulsés psalmodie sous un porche qui semble flotter.
Ici l'on imagine sans peine la capitulation des âmes et leur déportation sans précédent vers les deltas d'apocalypse.
Mais nul être ne remontera jusqu'à la source qui fut ce ventre et qui n'est plus qu'une énorme fente blême
une ruelle qu'on emprunte par hasard au lever du jour
et qui pour une heure nous tient lieu de nid chaud.Vital Bender
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