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Mon amour...
Mon amour...
(C'est peut-être la première fois qu'un poème commence par ces mots : mon amour...
c'est peut-être aussi la dernière...)
Il est encore trop tôt.
Les mots sont bien trop friables.
Les mots sont des débris d'écorces
flottant à la surface de nos désirs.
A la surface de nos sentiments refoulés.
Ce paysage a la fièvre.
Je marche à l'aveuglette.
Mon amour... Je marche... Où es-tu ?
Il se peut que tu ne te souviennes de moi qu'à travers cette apparence de ruines de formes de profils sans relief.
Il se peut que je ne me souvienne de toi qu'à travers l'oscillation de ton éloignement.
Il se peut...
Mais la parole n'est qu'une reproduction d'organes à vif.
Un leurre tendre...
La parole nous cloue à des poteaux de circonstances.
Et tu es là vulnérable éternelle.
J'ai tracé autour de toi ce cercle à l'intérieur duquel je ne puis pénétrer qu'au mépris de ton chant et de ta raison.
Au mépris de ta liberté.
Mon amour...
Mais j'ai déjà trop parlé.
Retour à la parole unie.
La parole avant sa dispersion.
Qui est aussi ce chant.
Mais saison fugace.
Ma liberté.
Mon amour...
Te dire : tu es déjà si loin.
Ou l'écrire seulement...
Entre deux sanglots.
Entre deux cris de joie.
Ou de stupeur.
Entre deux piétinements fous.
Sous la lune ronde.
Au fond d'un puits tari.
Sous le soleil au zénith...
Au fond des choses mortes.
Au fond des cassures.
A l'intersection de tous les rayons éclatés.Vital Bender
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