• L'eau monte

    L'eau monte comme le corps d'une femme qui va jouir.
    Un autre voyageur perdu se souvient.
    Il a besoin de se vider.
    Il se vide.
    Par gerbes.
    Puis par saccades.
    Lève les yeux au ciel pour s'accrocher à ce morceau de lune
    ce croissant sec...
    La nuit tout autour comme une tasse de café renversé.
    L'eau monte.
    Pourquoi ne lui a-t-elle pas écrit ?
    Pourquoi les grains qui pourrissent ?
    Les grenades qui explosent ?
    C'est une autre guerre qui éclate.
    Il n'y aura pas de survivants
    (la terre appartient à ceux qui ont soif)
    plus de destination
    plus de source.
    "Corps gracieux
    pourquoi m'as-tu abandonné ?"
    De quel corps s'agit-il ?
    Et si elle lui avait écrit ?
    Et si cette chambre d'hôtel était une chambre mortuaire ?
    L'eau continue de monter
    clapote aux pieds du voyageur qui allume une cigarette en maudissant ce geste ainsi que tous ceux qu'il a accomplis durant sa vie sa vie d'automate sans tronc
    car cet homme n'a qu'une tête deux pieds deux mains reliés entre eux par du fil de fer
    et la femme qu'il aime et qui vient de lui apparaître à l'autre bout de la terre ne lui a pas écrit.

    Vital Bender


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