• Jour III (2)

    Pour rassurer ma mère qui s'angoisse dès qu'il s'agit de montagne, j'avais promis de lui composer un sms au terme de chaque journée. Au moment de m'en acquitter, je ne parviens pas à mettre ma main sur mon téléphone. Et je retourne mon sac et mes souvenirs en vain. Le plus probable est que je l'aie oublié à la cabane. Impossible d'y retourner. La nuit tombe et j'ai déjà cinq heures de marche dans les pattes. Je l'imagine désemparé ameuter pompiers et Rega.
    Voilà le geste manqué par excellence. Pour moi, même si c'était de bon coeur, c'était céder par complaisance à un caprice que d'accepter de jouer ce jeu. Si je me blesse je peux appeler, si je me tue rien ne presse.
    De plus, on s'habitue d'abord à imaginer le pire avec ce genre de procédé. L'état permanent est l'alarme. Elle ne s'apaise qu'à la réception du message. Alors que dans le cas inverse l'état permanent est la confiance, qui ne prend fin qu'au moment d'agir. Sans compter que bien plus d'incidents bénins peuvent interrompre cette régularité que l'accident tant redouté. La preuve par les faits.
    Mais cette fois-ci la Rega ne fut pas sollicitée à blanc car je l'ai finalement retrouvé dans mon texte d'Oedipe.
    La nuit fut bien plus agréable. L'addition matelas - couverture fit bien l'affaire et pour la première fois, en me couchant en même temps que le soleil, je n'ai pas eu froid. Par contre je peine à m'endormir et je me réveille très tôt. En pleine forme.


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