• Jour II (4)

    Ainsi il apparaît que contrairement aux apparences rien n'est figé ; rien n'est immuable. L'identité elle-même n'existe pas. Le "je" n'existe pas. Ce qui existe est voué à la disparition et ce qui renaît n'est pas ce qui a disparu. Même si la ressemblance est irréprochable, ce n'est pas ce qui était. C'est ce qui découle de ce qui était, c'est sa continuité. Et déjà ce n'est plus qu'un souvenir, qui lui-même n'est plus qu'un souvenir. Un souvenir, du souvenir, du souvenir, du souvenir... d'un déjà passé, dans un vertige hallucinant, infini et multidimensionnel. Tout est changement. L'apparence est une illusion, l'immobilité une impossibilité. Ces doigts qui courent sur ces touches ne sont déjà plus les mêmes doigts et déjà ces touches ne sont plus les mêmes touches. Cette personne de qui je suis tombé amoureux n'est déjà plus la même personne. Je ne suis déjà plus amoureux de la même manière. Je ne suis déjà plus le même. Ce sentiment éprouvé et qu'on voudrait éternel a déjà fui au loin. Cette sensation reconnue infailliblement comme agréable est déjà perdue. Et voilà que pour récupérer ce qui nous a échappé avant même que nous l'ayons appréhendé, pour combler ce trou qui bée de plus en plus, pour retenir cette barque que le courant emmène ; nous créons des images idéales censées maintenir le mythe des premiers instants. Qui lui aussi changera, changera constamment, se réajustera constamment pour maintenir le leurre d'une réalité qui nous déplaît. Puisqu'elle n'existe pas. Sinon dans une évolution.


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