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Beduars (2)
Pourtant il est triste.
Son dynamisme coutumier semble effacé et sa pesante indifférence observe ce curieux cortège de réminiscences comme si elles n'étaient point siennes.
Le mouvement semble s'abstenir. Seule la rivière devant lui insiste vers sa finalité. Il a réussi. Oui mais à quoi bon ? La vanité de ses trépignements éteints le heurte en plein visage comme si tout ce pourquoi il s'était battu, ce qu'il avait pu obtenir n'avaient plus le moindre sens. A nouveau enfanté sur ce pont de bois ; il est à refaire, comme au premier jour.
Alors le monde au complet semble s'évanouir, enfoui par le roulement des flots quand un vent froid précédé d'un claquement sec de battement d'ailes brûle soudain ses tempes.
Extirpé de son aphasie, il découvre derrière lui, accroché à une poutre du ponton comme un vulgaire sac à ordures ce qui paraît être une gigantesque chauve-souris. Mais à peine a-t-il le temps de réaliser l'incongruité de cette visite qu'un éclair lumineux métamorphose cet ôte en une sorte de vampire de cinéma. Les membranes des ailes forment maintenant une splendide cape de velours noir et des dents aiguisées pointent hors de ses lèvres pourpres qui constrastent avec un teint désespérément blafard. ./.
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