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Cependant il m'arrive d'avoir des désirs plus doux
des désirs d'ondine tiède sur ma peau.
La fièvre s'est faite image de feuilles crissantes sous mon pas
et cet emportement des secondes et des heures qui se succèdent sans concertation
devient ruisseau errant entre des fougères.
Mais l'orage est là qui veille :
une palpitation une plainte à peine audible un déplacement d'air
suffit à me faire bondir hors de ce cercle
où s'étiolait ma conscienceVital Bender
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Combien de fois ne me suis-je lancé sans retenue à la poursuite de ces chevelures synonymes de vie
synonymes de mort ?
Combien de fois n'ai-je pris en chasse ces comètes dans un ciel composé d'incessantes éclosions de visages blêmes ?
Je me nourris toujours d'images d'autres temps d'autres dimensions mais ma vie (et la lumière) ont changé de consistance.
Je ne vois plus de ponts ou de pétroliers géants à la place de fleurs fanées dans un vase ou au plafond
ni de tourelles à la place de mains de mortes s'ébattre autour d'un clocher sonnant l'heure de s'immoler dans l'azur.
Que vois-je sinon des pieux fichés dans la glaise de corps prêts à s'aimer
un chapelet d'îles - tout un archipel - flottant à la surface de ces mêmes corps
et l'ennui l'ennui
au fond des têtes coupées roulant entre des squelettes d'arbres ou suspendues à leurs branches !
Je vois des formes floues dans le silence compact et des corneilles et des pies se désaltérer dans les flaques d'eau sur une route qui file vers le ciel en décrivant une courbe semblable à celle de tes yeux mi-clos quand tu me fuis.
Je vois des araignées dans un couloir de suie que transperce un rayon.
Je vois (que vois-je encore ? et que signifie oh que signifie voir ?)
je vois une nébuleuse d'inscriptions indéchiffrables sur un mur qui se met à onduler comme une croupe
puis à s'étirer à se fendre
et je ne vois oh je ne vois plus rien plus rien qu'un long qu'un doux visage plein de tristesse
s'approcher du mien dans la brume.Vital Bender
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Assez de ces fragmentations
de ces ruptures !
Mais que la brûlure fut douce ! (si douce...)
Feu complice amer des brumes là où paissent les anges en troupeaux serrés
feu ! brûlure déjà la pluie fendue coquille creuse
visage défait cendre cri atroce cri
oh coeur fervent ! ... bouche en sépulcre... digue rompue soudain
et rien rien pour se rasséréner rien
vers quoi tendre !
vers quoi se replier
comme un oiseau sur l'horizon.
Oh si douce
si secrète blessure...
Terre s'entrouvre : en surgit un corps blême
décharné
un corps qui voudrait s'offrir.
S'agite en tous sens comme un hochet dans les mains d'un enfant.
Se tord se replie se détend brusquement vers le ciel.
Qui penserait à le prendre par la main (qui ?)
pour le conduire vers la femme de ses rêves
qui l'attend peut-être derrière un arbre
ou un rocher ?
Corps de fumée a fini par épouser forme de l'air qui l'entoure
par s'insinuer entre les atomes du vide
se dissoudre à la manière d'une pensée
bleue et blanche
dans la tête d'un mort.Vital Bender
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