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Ma mère
Ma mère assise sur une chaise bancale
devant un mur de vide
regarde tomber la pluie et les minutes sur son tablier
regarde...
Je la regarde aussi et je sens battre en moi le flux des heures dernières
un torrent d'heures qui dévale du ciel et me submerge.
Elle est là elle semble absente on dirait
qu'elle regarde la mer
qu'elle voudrait se dissoudre dans l'onde elle aussi.
Elle détourne les yeux jette son âme par la fenêtre ouverte sur un pays qu'elle ne reconnaît déjà plus.
Le vent hurle sauvagement en pénétrant à l'intérieur de la pièce.
L'âme de ma mère décrit une large courbe au-dessus du jardin sans fleurs où le temps se cogne aux arbres.
Je ne puis m'en aller sans elle :
quitter cette peau
pour baiser une dernière fois ses lèvres
ses lèvres froides.Vital Bender
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