• Je sors d'un café en ruine

    Je sors d'un café en ruine
    laissez-moi je n'ai plus de tronc
    plus de tête
    je vacille
    me désagrège lentement
    dans la lumière très douce
    très pure.
    Le monde autour de moi
    poursuit tant bien que mal
    son extraction
    hors de sa béance rouge.
    Je l'ai poussée cette porte
    comme un supplicié
    ou un cadavre
    je suis resté debout
    parmi la foule visqueuse
    qui n'avait d'yeux
    que pour ton masque
    ton masque rouge.
    L'air est saturé de pollens
    des gosses hurlent sur un trottoir
    de l'autre côté des murs
    de l'autre côté des sons
    de l'autre côté du temps
    et de la blancheur.
    Je voudrais tatouer ton coeur
    partout sur ma peau
    sur des fragments de ciel
    sur les mers du sud
    sur la structure de la nuit
    de la nuit rouge.
    Des morts rampent le long des façades
    laissez-moi
    je n'ai plus de bouche
    plus de sexe
    plus de raison...
    Un chien traverse la rue
    un bossu rit aux éclats
    un aveugle tire sur sa clope
    avec de brusques sursauts
    d'homme châtré.

    Vital Bender


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