• Flottant invisible

    Car il en a écrit deux. L'acteur flottant, davantage autobiographique et L'acteur invisible, davantage manuel pour comédiens. Et si tous les deux ne manquent pas d'intérêt le premier volume mérite le détour de tout un chacun tant l'écriture est simple et dépouillée. Paisible. Sans artifice et pourtant si forte.

    Il avance de doutes en doutes. On y mesure toutes les contradictions de la démarche du comédien, celles de la mémoire et de l'oubli, de l'individu et de l'universel, de la volonté et du lâcher prise. On y perçoit tout le dilemme existentiel. Entre les lignes.

    Et les meilleurs livres ne sont-ils pas ceux qui parlent davantage par ce qu'ils taisent ?

    Bref, ces deux ouvrages m'ont rempli, comblé. Non seulement dans l'envie de devenir meilleur acteur mais surtout meilleur homme. A même d'offrir autant que j'ai reçu. 

    Je me permets d'en livrer un extrait tiré de L'acteur invisible tant son rapport au post inspiré par l'image de Michel Serrault est flagrant :

    "Selon le bouddhisme ésotérique japonais, quand on naît, on émet le clair et simple son "aaah" tel un dieu. Le temps passant, comme on acquiert de l'éducation et une certaine malléabilité face aux exigences de la société, on devient un personnage au style vocal approprié. Le "aaah" ouvert et clair a disparu. Et on passe alors le reste de sa vie à travailler pour retrouver ce pur son "aaah", en espérant récupérer sa divinité innée."

    Amusant non ?


  • Commentaires

    1
    Ongles bronzés, mais
    Jeudi 9 Août 2007 à 10:48
    Zénitude
    L'a pas dû avoir de charognes de gamins dans les pattes, ton maître zen du Nô. Cette mode occidentale qui consiste, dans une idéalisation forcenée de l'Orient, à japoniaiser dans un déni de la culture et du travail qui consiste à, patiemment, tenter de s'arracher à la bestialité, en vain, certes, mais pour toucher la beauté du bout de l'ongle au moins, cette mode m'agace prodigieusement. Le "ah" clair des débuts ressemble plutôt à un cri de terreur à la sortie des eaux chaudes et la suite borborygmique, on la connaît, c'est pas de la tarte. M'étonnerait que Serrault compare l'acteur à l'archéologue en méprisant la poussière. C'est beau, la terre. C'est instructif, la patine... Allez, hop, quelques rognures sur ce post, histoire, Libou, de te laisser quelque chose à faire. Le vide, oui. Mais après avoir dégusté le plein. Comme avec le verre de rouge, au fond.
    2
    Jeudi 9 Août 2007 à 11:15
    Hic !
    Du rouge, oui, mais du Bordeaux :o)
    3
    Lundi 13 Août 2007 à 09:12
    Ongles au soleil
    Une petite citation de ce livre connu sans même être lu, histoire de confirmer ton intuition "toucher la beauté du bout de l'ongle au moins" : Un célèbre acteur de kabuki, mort il y a environ 50 ans, disait : "Je peux vous enseigner le code gestuel signifiant "regarder la lune". Je peux vous enseigner ce mouvement jusqu'au bout de votre doigt pointé vers le ciel. Mais du bout de votre doigt à la lune, c'est votre responsabilité."
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