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Face sud
Vendredi. Errance dans les allées aux murs de papier du salon du livre de Genève. Auteurs, titres, volumes, quatrièmes de couverture... jusqu'à la nausée.
Gens en piquets de slalom. Gosses en slalomeurs fous.
Vendredi. Jambes déjà en bâtons de ski, yeux au brouillard quand le bleu glace de l'enfant bleu de Bauchau m'attire dans la béance de sa crevasse. Je le regarde sans le toucher ce dernier livre reçu en guise d'épitaphe amoureuse. L'inévitable visage le l'être aimé dans les brumes de la mémoire et les boyaux stalagmites. "Eh bien c'est pas demain la veille que pourrai lire ce bouquin..." Que me dis. M'extrais tant bien que mal à coups de piolets d'une hypothermie annoncée, quand de derrière cette étagère aux prises rares, et comme sorti du livre lui-même : le visage de l'être aimé. En vrai, l'haleine chaude des oasis au bout du sourire et le petit tonneau des remonte-coeurs autour du cou.
Hallucination réelle. Stupeur de l'archéologue qui aurait découvert Otzi. Articulations en flocons de neige. Et en même temps l'espoir de ces sommets enneigés loin de tout. Loin surtout de cet endroit aux métaphores alpines mais sans eau.
Vendredi. Avalanche de poudreuse de plein fouet jusqu'au fond des narines. Jusqu'au cerveau. Jusqu'aux ventricules.
Mains qui se serrent. Yeux-yeux. Proche-loin au dedans. Puis au dehors ces sentiers qu'il faut continuer d'arpenter mais séparés désormais.
Vendredi. Rendu à moi-même. Le coeur trop gros pour ma poitrine... et Richard Desjardins en amplitude.
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Commentaires
bleu clair
Il n'en faut peut-être que pour lâcher prise en fait. Sinon j'ai l'impression que les choses se font assez bien.
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Comment ça va-t-il mieux ? Et toi, tu le publies quand ton livre, Libou ?