• destin

    "N'écoute pas ce sont des balivernes".

    C'est le mot que Joël aurait voulu dire au jeune Alain Bagnoud quand il lisait son dernier roman : La leçon de choses en un jour qui raconte la journée d'un jeune garçon le jour de ses sept ans. Je ne veux pas trop en parler car je ne l'ai pas encore lu. On me l'a enlevé en mon absence. C'est d'ailleurs le lot des bouquins d'Alain qui ont la fâcheuse tendance d'être "empruntés" à chaque visite :

    Il est Valaisan le gars qui a écrit ça ? Ah c'est ton cousin (neveu, selon l'interlocuteur) ? Tu me le prêtes ça m'intéresse ?

    On peut bien arguer qu'il se trouve en librairie, on ne nous gratifie que d'une sourde oreille tandis que le bouquin disparaît (à jamais ?) dans un quelconque sac.

    Joël donc, en découvrant les discours de convention matraqués par la maîtresse d'école au jeune héros avait envie de lui placer ce fameux "Nécoute pas ce sont des balivernes". 

    Et bien sachez que si les époques changent les discours demeurent. Comme ces choses parfois bien plus laides qu'on a subies avec horreur et qu'on reproduit à l'âge adulte, ces principes honnis avec raison ont la curieuse habitude de jaillir comme un diable de sa boîte à tous les détours de conversation. Car cette histoire m'a rappelé une anecdote vécue il y a fort peu.

    Une grand-mère qui avait croisé son petit-fils lui balançait avec une écoeurante insistance les lieux-communs des bonnes manières. Il n'avait rien fait le pauvre hormis l'erreur de la croiser. Rien. Et toute cette violence du conformisme ramassée en pleine poire. "Faut bien travailler, en travaillant on arrive, l'école c'est important....." Il n'avait rien demandé le pauvre, il suivait juste son chemin. Et elle qui insistait, qui resserrait les noeuds de son piège. Si bien que tout à coup, à bout de résistance, il a fondu en larmes.

    Comme je l'ai compris ce petit. Quel élan de compassion ! J'aurais voulu me cacher au prochain virage pour le tirer hors du sentier battu et le lui dire : "N'écoute pas ce sont des balivernes." Lui donner l'accolade et tenter de lui montrer la lueur du soleil là-bas dans le nébuleux de l'avenir...


    Bien sûr ; je ne l'ai pas fait.


  • Commentaires

    1
    Lundi 2 Juillet 2007 à 13:40
    C'est
    comme cela que l'on construit un système: sois un homme mon fils (comme ton papa)!. C'est comme cela que l'on met en place la machine à culpabiliser (fais pas ci, fais pas ca, a dada...). C'est aussi comme cela, pourtant, que l'on produit des révoltés du système. Et quand les révoltés vieillissent (au bon sens du terme), ils se rendent compte que c'est peut-être en évitant les jugements (pas forcément les critiques), que l'on devient l'homme que l'on est!
    2
    Lundi 2 Juillet 2007 à 22:32
    Krak
    C'est donc inévitable... J'ai bien fait de ne rien lui dire. Sans système pas de révoltés. D'où toute l'utilité des systèmes. Et les systèmes issus de la révolte sont encore des systèmes... C'est donc inévitable...
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