• Demain est un autre jour...

    C'est pour la Croisette que Max et moi avons mis les voiles. Dans une soirée d'abordage peu avant de nous échouer, Max a levé sa longue vue sur cette île qui le titille depuis plusieurs années. Mais avec la ferme intention cette fois-ci d'y hisser son pavillon.

    Il s'agirait d'un docu-fiction. Pas sur le festival en soi mais plutôt sur ce qu'il génère dans l'imaginaire populaire, sur ses conséquences fantasmatiques, sur cette contradiction entre la sensibilité et l'intelligence de certaines fictions et la déjection finale après digestion collective.

    Ainsi, nous avons levé l'ancre le lendemain pour débarquer devant les marches mercredi à 3h du matin. Nous avons donc débuté notre séjour par la phase de recyclage. Par l'instant où les rêves noyés de la veille laissent la place aux promesses d'une journée qui commence.

    C'est donc après une fin de nuit en fond de cale de voiture que les choses ont débuté. Max, capitaine au journal de bord toujours en main et moi, moussaillon provincial un peu largué. Sans inquiétude de ma part ; je suis d'une gestation lente, la précipitation est mon ennemie (quoique ma compagne...).

    Alors que ressort-il de Cannes, expériences accumulées ?...

    ... Un vaste et magnifique concours d'inaccessibilité. A tous les niveaux. Au niveau des accès, où tout est compliqué, procédurier, comme à celui du contact. Non que les gens soient froids mais je dirais plutôt immatériels. Ce qui finalement serait en accord mineur avec le grand rêve du cinéma. Un état de circonstance en quelque sorte. Là où le paradoxe persiste et insiste c'est que cette aspiration à la désincarnation tente de s'opérer par le biais d'une outrancière incarnation.

    Je m'explique : Ce besoin de reconnaissance absolu (et somme toute légitime, j'y reviendrai demain ou un autre jour...) passe par le limité du paraître. Le désir de cette transcendance que l'art permet parfois d'effleurer se manifeste ici dans l'horizontalité de sa physicalité d'être humain.

    Si bien qu'à la fin il ne reste plus rien. Ni corps, ni âme. On pourrait peut-être s'aventurer à dire que le désir d'éternité est atteint dans cette permanente référence à l'image (cinématographique ?) mais à l'image sans épaisseur, à l'image creuse : au cliché. Où les femmes deviennent tout ce qu'elles se défendent de paraître et les hommes la quintessence du machisme.


  • Commentaires

    1
    Mercredi 30 Mai 2007 à 09:19
    Mythes
    Joli texte sur ce panthéon de déesses inaccessibles et de demis-dieux machos incarnés en deux dimensions (la chair est-elle transparente en 2D?). Désir d'éternité dans ce rassemblement d'êtres surnaturesl mais on sait qu'à part quelques dieux immenses proches de Jupiter, l'immortalité des demi-dieux (et à fortiori des quart de dieux) peut toujours être remise en question à chaque festival. Ceci dit, personne n'a profité de l'accréditation du tout nouveau (ouverture en septembre) ciné de St Julien.
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    2
    Mercredi 30 Mai 2007 à 10:36
    Tomorrow is un other day
    Et oui Mam' Scarlett ! (si je me souviens bien c'est la dernière phrase du roman, non ?) Quant à toi, mon gars, c'est toujours aussi bien écrit...
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