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De la narine gauche de l'épousée
De la narine gauche de l'épousée coule un filet vert
de sa bouche
de ses tympans
la nuit
les oriflammes...
Cérémonie nuptiale
s'achève en papillons
sous la lampe cochère.
Symphonie clouée à son temps
loin très loin sous terre
embaumement forcé
de vivants et de morts.
Trois notes piquées
quelques aboiements d'esprits chagrins
la mariée soupire dans sa carlingue
fluorescente
l'hydravion pique du nez
un homme (est-ce l'époux ?)
joue avec des marionnettes
qui semblent idiotes.
Une voix monte d'un poste de radio
sur l'autoroute verticale
où les autos s'enlisent
dans la glu qui ruisselle
de la cervelle conjointe
qui voudrait partir en voyage
sous la croûte terrestre
loin des barbes postiches
des discordes
des amphétamines.
Mais la jeune épouse a soif
si soif :
dans ses artères
se bousculent ombres et flashs
tumeurs et ice-creams
et les notes d'un piano brisé
dansent sous son chapeau
comme des nuées d'électrons.
La télévision crache des images d'acier et d'eau lourde
sous une pluie de bombes
qui ressemble à une chute d'ovaires.
On a décapité la nuit ordinaire à la machette
les prénoms (à quoi servent-ils ?)
les années
les pensées
les saisons
on a...
(que n'a-t-on pas fait ?)
L'époux se sent des ailes
sous son pantalon à pli
qu'il a déboutonné.
Une hirondelle tombe du plafond
sur la moquette.
L'orchestre a volé en éclats
l'homme se tortille dans tous les sens
la femme roucoule dans un coin
fait un signe de croix
s'endort.
Elle n'a plus de trompes
plus d'yeux
plus d'ovaires.
La semence de l'homme coule sur le parquet.
Union libre.
Déflagration.
L'immeuble s'effondre.
Demain sur le coup de midi
on abattra le dernier arbre de la planète.
Sur le coup de midi...Vital Bender
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