• Oh tous ces suaires flottant sous l'eau, ces embrassements spectraux dans le lit des rivières sous les arbres qui penchent comme de lointains ancêtres et qui vont se déraciner soudain pour boire ou pour s'enfuir mais la terre exsangue les retient, ils attendent, ils n'ont pas de bouche, un crucifix émerge des flots taris entre des pierres qui elles ont peut-être soif. Mais dans une maisonnette au fond de l'étang une jeune fille se caresse en écoutant tinter les clochettes de fleurs dans sa chevelure éparse sur le plancher. La jeune fille tient dans sa main droite une branche de cèdre ou un crucifix - l'instant se poste - il lui faut se pencher en avant elle aussi comme s'il était encore temps de crier sous l'eau à la faveur d'une aube qui n'en finit pas de remonter la pente de la colline toute proche et des hortensias qu'un vent attiédi secoue à des profondeurs incalculables. Le temps file, file, quelqu'un entre dans la chambre où la jeune fille s'est endormie avec entre ses bras une peluche éventrée ou un crucifix, un homme... (ils sont peut-être plusieurs), la peluche tombe sur le plancher, l'étang se vide, le rêve était à l'intérieur de la peluche. Un homme roule sur des pierres en hurlant : il n'a plus de sexe et ses yeux tombent sur des lèvres qui n'auront plus jamais souci de boire.
     
    Vital Bender

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    En admettant que nous vivons sur terre une étape de notre développement spirituel et que par conséquent c'est ce dernier qui primerait sur notre incarnation il n'en demeure pas moins que notre demeure est ici. Il faut donc s'élever par rapport à elle, en nous y reportant. Non en la niant.


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    Parle-moi de tes aventures nordiques, de tes aurores boréales, de tes yeux bridés, du soleil levant, de ces danses de homards sous le moletonné de tes rhododendrons...
    Parle-moi de ce poivre et de ce sel, de ce qui nous laisse un peu entrevoir notre finitude et qui nous mord la fesse.
    Parle-moi un peu de ce qui ternit jusqu'à l'éclat de nos plus beaux rêves, de nos grandioses espoirs mais qui laisse apparaître des couleurs à travers les bas-fonds de l'absurde.
    Parle-moi de la mort ou de la vie, de ces pierres qui poussent et nous soulèvent avant de basculer. AU MOINS NOUS POUVONS LIRE LEUR NOM !!!

    Est-ce que tu te masturbes encore ? Là est la question et nulle part horreur !

    Ailleurs, des chevilles, une gauche, une droite, puis alternativement. En mouvement sur les feuilles mortes immobiles. Serait-ce un pléonasme ? Je n'en crois rien puisqu'elles n'ont pas de bas, pas de poils. Sauf un peut-être mais il n'a pas été oublié. Je bats leur rythme, le saccade en poubelle. Plastique. Belle de hasard.
    Rencontre.

    Il était temps, ça ne tenait qu'à un fil.


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    Ma mère assise sur une chaise bancale
    devant un mur de vide
    regarde tomber la pluie et les minutes sur son tablier
    regarde...
    Je la regarde aussi et je sens battre en moi le flux des heures dernières
    un torrent d'heures qui dévale du ciel et me submerge.
    Elle est là elle semble absente on dirait
    qu'elle regarde la mer
    qu'elle voudrait se dissoudre dans l'onde elle aussi.
    Elle détourne les yeux jette son âme par la fenêtre ouverte sur un pays qu'elle ne reconnaît déjà plus.
    Le vent hurle sauvagement en pénétrant à l'intérieur de la pièce.
    L'âme de ma mère décrit une large courbe au-dessus du jardin sans fleurs où le temps se cogne aux arbres.
    Je ne puis m'en aller sans elle :
    quitter cette peau
    pour baiser une dernière fois ses lèvres
    ses lèvres froides.

    Vital Bender


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    La justice sert à justifier les injustices de l'ordre établi.


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