• L'appel de l'ombre fut le plus fort et personne en ces parages ne les a revus (ou reconnus).
    Aujourd'hui l'empreinte de leurs pas sur le sable vierge...
    Nous livides parmi toute une procession d'êtres chers.
    Eux solitaires forant d'interminables galeries sous la cendre (qui est aussi du rêve).
    Mon Dieu comme ils sont beaux comme ils sont fous !
    Comme leurs yeux pétillent sous l'averse de bombes et de chaude-pisse !
    A nouveau le sang jaillit d'une vieille plaie
    comme le tambourinement d'un soleil au bord des toits.
    Enfants inadaptés jouant avec les mots avec les signes
    comme on joue à saute-mouton ou à aimer...
    Ils n'ont rien à nous dire cependant.
    L'un parle avec son chat en confectionnant de petits avions de papier.
    L'autre s'avance vers son reflet et l'entaille d'un coup de ciseaux.
    Mais tous deux savent se fondre soudain dans la nuit
    dans la nuit pleine de langueurs utérines préservée pour eux
    après les spasmes vaginaux et les coups de canon.
    Ils sont passés à travers la vitre des couveuses.
    Ils ont fait et défait leur lit au fond des fossés ou dans des mangeoires.
    Ils flirtent avec les digitales sous la lune dans le silence étale ou les grondements de tonnerre.
    Ils ont des yeux qui s'écarquillent tout en restant clos.
    Sur l'autre versant du sommeil et de la conscience. 

    Vital Bender 


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  • Chez ceux qui se sentent aimés de Dieu apparaissent parfois des stigmates aux pieds et aux mains.

    Ceux qui s'en sentent abandonnés en ont souvent un seul. Au milieu du crâne.


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  • Au fond d'un bol de lait quand j'y buvais j'ai vu la nuit toute la nuit se teindre devenir rouge et s'ouvrir comme un coeur bondissant hors de ma poitrine.
    J'ai reposé le bol sur la table
    et j'ai voulu m'enfuir.
    Mais on ne fuit pas ces mots (pas encore)...
    J'ai rempli à ras bord le bol d'un liquide grumeleux (voyelles consonnes) que j'ai avalé goulûment.
    Des mots se sont formés à l'intérieur de ma poitrine là où auparavant battait un coeur un simple coeur un coeur d'homme libre
    et j'ai pleuré
    pleuré sur le massacre des mots innocents.
    Le vrombissement d'un avion de ligne m'a tiré soudain de ma stupeur
    et j'ai levé les yeux
    et j'ai vu d'autres ténèbres se former par pans imbriqués les uns dans les autres
    comme les nervures d'une feuille de papier à musique
    et j'ai voulu fuir à nouveau
    mais on ne fuit pas... ni ses propres fantômes etc... 

    Vital Bender 


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  • Le passé n'existe que pour que nous placions des désirs par rapport à lui.

    Il est au service de l'avenir.

    Et l'avenir n'existe que dans la pleine conscience de l'instant présent intégral. 


    2 commentaires
  • Tenté en vain de remonter le temps jusqu'à l'utérus originel
    toi mon frère aux aguets dans les sous-bois sidéens
    toi soeur du genre humain auréolée de feux de Saint-Elme.
    Marché dans les rues désertes sans te reconnaître
    entendu tinter tes larmes dans les yeux globuleux des vitrines
    prononcé (toi !) du bout des lèvres le nom de quelqu'un qui ne m'était plus tout à fait étranger.
    La brume se déchire. Un corps sans tronc - deux jambes surmontées d'un embryon de visage - remonte ces mêmes ruelles en rasant les murs.
    Un frisson d'asthme court entre les feuilles d'hibiscus et de vigne vierge.
    Il fait à peine jour et les écureuils se faufilent entre les pierres disjointes des habitations qui n'en finissent pas d'apparaître et de se dissoudre dans ce brouillard qui semble provenir de l'intérieur même de ces vieilles bâtisses (et de ces corps en extase.)
    Un paralytique les yeux révulsés psalmodie sous un porche qui semble flotter.
    Ici l'on imagine sans peine la capitulation des âmes et leur déportation sans précédent vers les deltas d'apocalypse.
    Mais nul être ne remontera jusqu'à la source qui fut ce ventre et qui n'est plus qu'une énorme fente blême
    une ruelle qu'on emprunte par hasard au lever du jour
    et qui pour une heure nous tient lieu de nid chaud. 

    Vital Bender 


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