• C'est un sujet d'investigation comme vous aurez pu le remarquer si tant est que vous me lisez depuis quelque temps.

    Je ne plagierai pas Monsieur Lowenstein puisque je ne citerai de son ouvrage que deux extraits qu'il a empruntés à deux autres auteurs. Sur son chapitre relatif au cannabis.

    Tout d'abord celui-ci de Charles Baudelaire qui a passablement exploré la thématique dans "Du vin et du haschich" : Les sens deviennent d'une finesse et d'une acuité extraordinaires. Les yeux percent l'infini. L'oreille perçoit les sons les plus insaisissables au milieu des bruits les plus aigus.

    Ou cet autre extrait de Jacques-Joseph Moreau, présenté comme le précurseur de la psychiatrie expérimentale, et consommateur de cannabis dans "Du haschich et de l'aliénation mentale" : Ces idées...qui viennent on ne sait d'où, deviennent de plus en plus nombreuses, plus vives, plus saisissantes. Le sens de l'ouïe, comme tous les autres sens, est rendu extraordinairement impressionnable par l'action du haschich... La musique la plus grossière... vous exalte jusqu'au délire ou vous plonge dans une douce mélancolie. Le temps semble d'abord se traîner avec une lenteur qui désespère... Toute idée précise de durée nous échappe, le passé et le présent se confondent.

    "De quoi comprendre le succès du cannabis" a dit Monsieur Lowenstein.

    C'est vrai qu'en lisant ces italiques on a similitude avec les récits d'illumination tout comme on se retrouve tout droit plongés dans la grande époque d'easy rider et des explorations psychédéliques.

    Mais si j'ai choisi ces passages c'est parce que leur effet madeleine m'a reporté à une époque bien particulière. Une époque où j'ai consommé ce genre de produit et force alcool sous toutes les façons. Même si question alcool, je résiste toujours mal à un bon verre de délicatesse. Le Valais est un pays vinicole. C'est en lisant qu'on pèche, en buvant on fait son devoir. Donc j'équilibre... Une époque en gris-vert. Car j'ai fait l'armée Monsieur, Dame. Assurément. Période fort trouble où les paradis artificiels me furent d'un grand secours. Du moins pour masquer ma couardise d'avoir accepté de me plier à cette institution de la bêtise.

    En tout cas, grâce à cet épisode malheureux, j'ai eu l'opportunité (on dira ça comme ça.) de vérifier la véracité des passages de Baudelaire et Moreau. C'était à l'occasion d'une marche de campagne. Nous nous étions laissés distancer, un collègue et moi, pour pouvoir déguster notre biniou en toute impunité. Puis baladeur sur les oreilles (ce que je ne fais jamais d'ordinaire par souci de présence à l'instant) nous avons resserré le groupe.

    C'est précisément le morceau de Led Zeppelin posé au-dessus de vous qui rythmait mes pas. Et, par un magnifique concours de circonstance, c'est au moment du solo de guitare (que Led Zeppelin nous amène comme on approche l'orgasme...), tandis que j'atteignais le sommet de la colline, qu'au fil de mes pas, une lune orange, pleine et gigantesque naquit là sous mes yeux émerveillés. Un miracle. Elle prenait tout le ciel.

    Je peux vous dire qu'à cet instant, Madame Monsieur, les sens exaspérés par le haschich, l'orgasme d'Achilles Last Stand, le ridicule de notre condition d'hommes armés et la lune... LA LUNE.... LA LUNE..... 

    Une joie ! Pure, nette, et authentique. Le coeur en boule magique à l'intérieur. Et les larmes... Et l'envie de crier.... Et de voguer jusqu'à Pierrot là-haut, de l'embrasser sur les deux joues ! Libre ! Tellement libre ! Je volais Mesdames, Messieurs. Je volais.

    Je volais et j'étais bien seul dans mon extase ce jour-là. Seul mais plein.

    Puis le train train militaire reprit son cours avec son lot d'imbéciles contradictions. Mais depuis cette magie jusqu'au dernier jour ça n'a plus été tout à fait pareil.

    Non.

    Parce que quelque part, derrière les barbelés de l'idiotie, je savais.

    Je savais.


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  • Voilà le défi que Calamity s'est vue le machiavélisme de me proposer ainsi qu'à trois autres, me replongeant pour une nuit interminable dans les affres des examens appréhendés sans soutien de mémoire. Même pas défaillante mais complètement désordonnée. Tout s'y confond pêle-mêle, de la réalité et de l'imaginaire. Alors se souvenir de tous ces éléments censés me quadriller. Déjà qu'il va sans dire ma profonde répulsion pour tout ce qui quadrille.

    Bon ben allez. Je vous en prie. Montez dans ma 4L. Et ne refermez pas la porte s'il vous plaît.

    Les quatre livres de mon enfance.

    J'ai grandi dans un univers dénué de livres, aux murs sans image, même pas ces posters d'adolescents dans les chambres de mes grandes soeurs et surtout pas de livres. Le livre porte à l'oisiveté et c'est bien connu que l'oisiveté est le pire de tous les péchés car, en puissance, il les contient tous. Donc dès que je suis devenu lecteur, je suis devenu pécheur. Ce qui expliquerait peut-être mon goût à les collectionner, véniels comme mortels, avec beaucoup de soin, afin de les offrir pieusement à l'oreille attentive de mes confesseurs et connaître le soulagement de se sentir tout neuf, pur et sans mémoire. Et c'est après un entraînement si drastique que, Calamity, tu me demandes aujourd'hui de me souvenir... de quoi déjà ? Ah oui, de mes tintin, spiderman ou thor (c'étaient mes préférés ces deux SH là), lucky luke ou gaston lagaffe. Que des bd je le conçois : j'avais besoin de trouver forme à mes péchés sans doute...

    Les quatre écrivains que je lirai et relirai encore.

    C'est con. Justement quand j'essaie d'arrêter...

    On va prendre ceux dont j'ai lu plusieurs ouvrages et dont je continuerai l'exploration car, en toute franchise, je ne crois pas qu'il y aura des livres que je lirai deux fois si ce n'est pour raison professionnelle. Il y tant de livres à lire. En fait il n'y a qu'un seul livre que j'aie lu deux fois. Et la deuxième fois à haute voix, avec et par amour. Je voulais orgueilleusement me vanter d'avoir un cousin écrivain (et pour d'autres raisons bien moins avouables encore... surtout depuis que j'ai cessé de me confesser ). C'était "l'oeil du crapaud" d'Alain Bagnoud. Dont je continuerai la lecture au moins par devoir familial ;-). Rajoutons-lui donc Daniel Pennac. Milan Kundera. Dostoïevski et Umberto Eco tiens. Soyons généreux.(Quoique pas tant aimé son Ilona où il se livre à mon exercice de mémoire avec sa prolixité habituelle.) Parce que la famille c'est trop facile, ça ne compte pas.

    Les quatre auteurs que je n'achèterai (ou n'emprunterai) probablement plus.

    Là suis obligé de me mettre au vert caca parce que j'ai tant horreur de dire "jamais" qu'il m'est très difficile de dire "probablement plus". Pascal Laine, Hermann Hesse puisque je crois l'avoir lu au complet, Descartes (ou pas de bon coeur) et.......... Désolé, je sèche. En plus d'avoir peu de mémoire, ce qu'il en reste est sélectif.

    Les quatre bouquins que j'emmènerai sur une île déserte.

    "L'art du château de sable" de Pierre Moule, "Le nudisme sans concession" de Paul Austère, "Les trucs de Mc Gyver" par Victor Inox, et "Le plaisir du monologue" de Jacques Chirac.

    Les (quatre x quatre) derniers mots d'un de mes livres préférés.

    Il l'emmena dans son grand château là-bas dans son pays où ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.

    Les quatre premiers bouquins de ma liste de livres à lire.

    Enfin une question facile.  "L'enfant bleu" d'Henry Bauchau, La Pléiade de Ramuz, "Qu'est-ce que le théâtre ?" de  Christian Biet et Christophe Triau (pour enfin comprendre ce que je fais), La Pléiade de Ramuz, "La leçon de choses en un jour" d'Alain Bagnoud (merci la famille), La Pléiade Ramuz, "Nous pensons toujours ailleurs" de Martin Moschell et La Pléiade de Ramuz.

    Les quatre lecteurs (lectrices) dont j'aimerais connaître les quatre.

    Enfin. Dire que j'ai fait tout ça pour le plaisir d'en arriver là...

    Alors avec délectable jubilation : Va33, Kristo, Nidea (Je sais... tu n'as pas de blog mais j'ai des commentaires :-) et comme ça c'est tout pour moi) et Magwann tiens puisqu'il me semble bien qu'elle adore les défis en tous genres... (Ils sont tous dans mes liens... sauf Nidea qui n'a même pas de blog...) 


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  • Un frisson m'a parcouru l'échine quand par hasard je suis tombé sur cette image que je ne connaissais pas plus que son auteur.

    Je ne sais pas si une intempestive poussée de chair de poule se partage aussi facilement mais j'ai eu envie de tenter le coup.

    Décidément, Internet n'arrange rien à mes naïves illusions.


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  • C'est pour la Croisette que Max et moi avons mis les voiles. Dans une soirée d'abordage peu avant de nous échouer, Max a levé sa longue vue sur cette île qui le titille depuis plusieurs années. Mais avec la ferme intention cette fois-ci d'y hisser son pavillon.

    Il s'agirait d'un docu-fiction. Pas sur le festival en soi mais plutôt sur ce qu'il génère dans l'imaginaire populaire, sur ses conséquences fantasmatiques, sur cette contradiction entre la sensibilité et l'intelligence de certaines fictions et la déjection finale après digestion collective.

    Ainsi, nous avons levé l'ancre le lendemain pour débarquer devant les marches mercredi à 3h du matin. Nous avons donc débuté notre séjour par la phase de recyclage. Par l'instant où les rêves noyés de la veille laissent la place aux promesses d'une journée qui commence.

    C'est donc après une fin de nuit en fond de cale de voiture que les choses ont débuté. Max, capitaine au journal de bord toujours en main et moi, moussaillon provincial un peu largué. Sans inquiétude de ma part ; je suis d'une gestation lente, la précipitation est mon ennemie (quoique ma compagne...).

    Alors que ressort-il de Cannes, expériences accumulées ?...

    ... Un vaste et magnifique concours d'inaccessibilité. A tous les niveaux. Au niveau des accès, où tout est compliqué, procédurier, comme à celui du contact. Non que les gens soient froids mais je dirais plutôt immatériels. Ce qui finalement serait en accord mineur avec le grand rêve du cinéma. Un état de circonstance en quelque sorte. Là où le paradoxe persiste et insiste c'est que cette aspiration à la désincarnation tente de s'opérer par le biais d'une outrancière incarnation.

    Je m'explique : Ce besoin de reconnaissance absolu (et somme toute légitime, j'y reviendrai demain ou un autre jour...) passe par le limité du paraître. Le désir de cette transcendance que l'art permet parfois d'effleurer se manifeste ici dans l'horizontalité de sa physicalité d'être humain.

    Si bien qu'à la fin il ne reste plus rien. Ni corps, ni âme. On pourrait peut-être s'aventurer à dire que le désir d'éternité est atteint dans cette permanente référence à l'image (cinématographique ?) mais à l'image sans épaisseur, à l'image creuse : au cliché. Où les femmes deviennent tout ce qu'elles se défendent de paraître et les hommes la quintessence du machisme.


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  • ça y est. Crise printanière passée. De retour de mes aventures et je reprends tout ceci en main dès demain.

    J'en retire dans l'immédiat et me concernant ces deux cuisants constats :

    1-Je n'ai plus vingt ans.

    2- Le blog ne rend pas libre. Bien au contraire.


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